L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

La France politique, XIX̬me РXX̬me si̬cle
de Michel Winock
Seuil - Points histoire 2003 /  10.50 €- 68.78  ffr. / 608 pages
ISBN : 2020588951

Nouvelle édition

La France politique, XIX̬me РXX̬me si̬cle

Ni déroulé chronologique scrupuleux de deux siècles d’histoire républicaine française, puisque l’ouvrage se compose essentiellement de textes publiés dans la revue L’Histoire, ni véritable thèse sur la France républicaine, cette France politique se feuillette en fait plus qu’elle ne se lit d’une seule traite. Pour autant, ce recueil de textes écrits, rassemblés et remis à jour par Michel Winock, Professeur émérite à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et cofondateur de L’Histoire, se révèle passionnant, à la mesure de son sujet : la République et ses avatars depuis deux siècles dans notre pays.

On le sait, l’enracinement républicain en France ne s’est pas fait sans soubresauts. Les différents régimes républicains n’ont jamais recueilli un assentiment unanime (pas plus du peuple que des élites) tant divergeaient les lectures de ce modèle d’organisation politique, en même temps idéal, souvent (mais pas nécessairement) corollaire du concept démocratique. Les années républicaines sont complexes à lire : la république n’est l’apanage d’aucun groupe politique clairement défini : les débuts de la IIIème du nom ne sont-ils pas, pour une large partie du personnel politique aux commandes même, que la simple attente de «mieux», ce mieux revêtant la dignité royale ou impériale ?

Quelles sont donc, dans ces conditions, les valeurs fondatrices du modèle républicain à la française ? Le rassemblement autour de la sauvegarde de la Patrie reste longtemps le seul élément qui soude le citoyen-électeur autour de son régime.

Les années passent, les résistances demeurent. La république semble certes désormais relever de l’incontestable acquis. Pour autant, si l’on s’accorde sur le périmètre, l’on diverge encore sur le tracé intérieur. Nous voici dans les fameuses «passions françaises» sur lesquelles s’était penché l’historien Theodor Zeldin : Affaire Dreyfus, tentations antiparlementaires ou encore Front National, auquel Michel Winock consacre un large chapitre. Passions qui ne sont au demeurant pas l’apanage de la seule droite ! La gauche, et singulièrement sa partie la plus extrémiste, n’est pas en reste : si le Parti communiste, version Place du Colonel Fabien, semble (tout au moins sémantiquement) s’accommoder de la république, quel sens lui donne-t-il précisément ? Il y a loin sans doute entre sa «république sociale» et la démocratie parlementaire telle qu’on la pratique dans nos hémicycles. Mais il y a sans doute loin aussi entre le PCF à la Thorez et le PCF version Manu Chao et Beigbeder tel qu’on le distingue désormais à la «fête de l’Huma» !

Qu’en est-il aujourd’hui de la république au moment où les passions semblent s’être estompées et où le consensus paraît s’être dessiné autour de celle-ci ? Serions-nous rentrés dans le temps de la «maturation politique» ? C’est en effet, à quelques nuances près, (constitution perfectible ou montée des extrêmes), nuances sans doute endogènes, le verdict de Michel Winock.

Alexis Vialle
( Mis en ligne le 24/04/2003 )
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