L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

1914-1918 : Combats de femmes - Les femmes, pilier de l'effort de guerre
de Evelyne Morin-Rotureau et Collectif
Autrement - Mémoires 2004 /  19 €- 124.45  ffr. / 258 pages
ISBN : 2-7467-0515-X
FORMAT : 15x23 cm

L'auteur du compte rendu: Gilles Ferragu est maître de conférences à l’université Paris X – Nanterre et à l’IEP de Paris.

Femmes en Grande Guerre

Parmi les oubliés de la Grande Guerre, on doit encore compter les femmes, souvent tenues en lisière de l’historiographie, observées sous un angle étroit ou cantonnées à la monographie héroïque. Si l’histoire des femmes (ou du genre, ce qui fait moins exclusif mais un peu politiquement correct) s’est depuis peu imposée, il reste encore des zones à défricher et des stéréotypes à nuancer. Et la guerre de 1914-1918 n’en manque pas. Ainsi, une idée s’impose d’emblée : cette guerre aurait émancipé les Françaises, leur ouvrant grandes les portes de l’usine et de la société… mais pour l’isoloir, il faudra attendre une guerre supplémentaire et une certaine ordonnance de 1944. L’émancipation a ses limites. On aura toutefois remarqué la situation particulière des femmes dans la guerre : épouses, filles, sœurs, mères ou marraines du poilu, elles permettent aussi (surtout) à une société privée d’une partie de sa population active de continuer à fonctionner, voire de fonctionner en guerre. Ainsi, elles s’insèrent pleinement dans l’effort de guerre et ce «front domestique» dont parlent les Anglais, mais savent également marquer leur opposition au conflit.

C’est sur cette variété de situations que se penche l’ouvrage dirigé par Evelyne Morin-Rotureau, 1914-1918 : combats de femmes : les femmes, pilier de l’effort de guerre. Il n’est pas excessif de dire que cet ouvrage comble un vide. On peut remarquer qu’il se dégage de la vision un peu limitée de la femme dans son rapport au soldat, pour aborder le rapport à la société en guerre tout entière : les femmes au cœur du processus de totalisation du conflit. La réflexion s’organise en quatre parties thématiques (les femmes au service de la patrie, le refus de la violence ou de l’exploitation, la souffrance vécue directement ou indirectement, l’émancipation finale et ses attentes), formant une mosaïque de points de vue particuliers. Chaque article, rédigé par des spécialistes universitaires de la période (ainsi Annette Becker, Jean-Yves Le Naour…) ou du thème (Florence Rochefort, Françoise Thébaud…), aborde tel aspect, telle figure ou tel rôle tenu par les femmes, sous des angles parfois larges, parfois étroits. On l’aura compris, il ne s’agit donc pas d’une synthèse, mais plutôt d’une série de portraits et de parcours individuels, une variation intimiste sur la femme en temps de guerre.

La présentation est, comme d’habitude avec les éditions Autrement, impeccable : iconographie variée, chronologie, bibliographie, index. L’ouvrage est conçu pour les curieux autant que pour les historiens, et les candidats au concours du professorat d’histoire pour l’année 2004/5 y trouveront certainement de quoi réfléchir. Mais il ne s’agit pas seulement d’une étude universitaire : d’un abord aisé, il se lit facilement et séduira les amateurs de la période en quête de problématiques nouvelles.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 31/08/2004 )
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