L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

La Guerre de mon père - Un photographe dans les tranchées 1914-1818
de Pierre Minvielle
Atlantica - Galaxie photo 2004 /  20 €- 131  ffr. / 151 pages
ISBN : 2-84394-716-2
FORMAT : 22x22 cm

L'auteur du compte rendu : Etudiante en histoire, Thérèse Krempp termine cette année un DEA à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur l'armée française d'Orient pendant la Première Guerre mondiale. Avec Jean-Noël Grandhomme, elle a publié Charles de Rose, pionnier de l'aviation de chasse (éditions de la Nuée Bleue, septembre 2003).

Sur le front d'Orient

Pierre Minvielle nous présente dans cet ouvrage les photographies prises par son père Paul pendant la Première Guerre mondiale. En 1914, Paul Minvielle était étudiant en médecine. A la déclaration de guerre, il fut affecté au service médical auxiliaire à Maintenon, puis versé dans une unité combattante dans le Pas-de-Calais où il participa à la bataille de Notre-Dame-de-Lorette. Envoyé ensuite à Verdun, il fut grièvement blessé après avoir été «décoré sur le champ de bataille pour acte de bravoure». En 1917, après une longue convalescence, Paul Minvielle partit pour le front d’Orient au sein d’un régiment d’artillerie de montagne. Il termina la guerre en Orient en tant que médecin auxiliaire du 20e régiment de tirailleurs sénégalais. Passionné par la photographie bien avant la guerre, Paul Minvielle avait emporté dans les tranchées un «stéréo panoramique Leroy», appareil qu’il venait tout juste d’acquérir. Ce faisant, notre étudiant en médecine, comme tant d'autres mobilisés, passait outre le règlement militaire qui interdisait aux soldats de posséder des appareils photographiques.

Une introduction générale expose le parcours de Paul Minvielle dans l'armée et propose une analyse de quelques photographies présentées dans le livre. Viennent ensuite les photographies regroupées par thèmes en petits chapitres. Elles sont légendées et parfois illustrées par des extraits de la correspondance de Paul Minvielle. Les premières photographies représentent l’infirmerie et les blessés à Maintenon, ainsi que le front d’Artois (destructions, vie dans les tranchées). La seconde moitié du livre est consacrée aux photographies prises en Orient : à Salonique et sur le front.

Ces photographies s’articulent autour de trois thèmes : le portrait, le reportage et le paysage, que Paul Minvielle affectionnait tout particulièrement. Qu'elles soient figées (comme les portraits et certaines mises en scène) ou instantanées, ces photographies dénotent un œil expérimenté, soucieux de choisir le meilleur angle de vue et attentif à la composition. Certaines d'entre elles sont très intéressantes, comme la représentation d'une «fraternisation» entre ennemis. Durant l’hiver 1915-1916, les parois des tranchées s'étaient effondrées sous l’action de la pluie. Soldats français et allemands conclurent alors «une trêve» le temps de les reconstruire. Paul Minvielle immortalisa cette rencontre et envoya même une photographie à L’Illustration, qui la publia le 15 janvier 1916. Mais l'autorité militaire n'apprécia pas cette curieuse représentation de la guerre et Minvielle «écopa» de soixante jours d’arrêt de rigueur (il faillit même passer en conseil de guerre)… En Orient, le regard de Paul Minvielle devient presque «ethnologique» lorsque, par exemple, il photographie (puis décrit dans une lettre) les différentes étapes d'un mariage serbe. Le relief accidenté de Macédoine lui permet par ailleurs de donner pleine mesure à son goût pour les paysages.

Au milieu de la somme des ouvrages présentant des photographies du front occidental, ce livre, composé en grande partie de photos du front d’Orient, fait preuve d’une grande originalité et nous apporte un témoignage passionnant à propos de ce front quelque peu oublié en France.

Thérèse Krempp
( Mis en ligne le 07/04/2005 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)