L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

Les Femmes agissent, le monde change - Histoire inédite de l'Union féminine civique et sociale
de Christian Guérin et Thérèse Doneaud
Cerf - Histoire 2005 /  25 €- 163.75  ffr. / 270 pages
ISBN : 2-204-07972-3
FORMAT : 14,5cm x 23,5cm

Préface de René Rémond.

Agir ensemble

Entre étude historique et devoir de mémoire, l'ouvrage cosigné par Thérèse Doneaud et Christian Guérin retrace l'épopée d'un mouvement féminin pas comme les autres.

D'abord d'orientation clairement catholique, quoique hors de l'Action catholique, selon la volonté de sa fondatrice charismatique, Andrée Butillard, puis plus largement lieu d'écoute et d'échange, l'union féminine civique et sociale a traversé les trois quart du XXe siècle avec toujours la volonté de former les femmes et de leur permettre d'agir dans la société, tout en défendant un monde plus juste et une image de la femme valorisée. Thérèse Doneaud, qui a œuvré à l'UFCS depuis 1948, a porté ce projet de mémoire avec d'autres membres du mouvement, afin que son souvenir ne se perde pas. Ces femmes ont retracé l'histoire de l'union avec des techniques qui leur sont chères : le témoignage et la diffusion de l'information. L'historien Christian Guérin a, lui, apporté sa rigueur d'historien et de chercheur.

Le résultat est un livre écrit à partir d'archives par celles très précisément qui les ont produites. Il s'ouvre sur une biographie de la femme qui a eu l'intuition qu'il fallait préparer les femmes à tenir une place dans la cité, à mener une action civique et sociale, Andrée Butillard. Non pas féministe, mais ardente partisane de la reconnaissance des femmes, et de leur engagement dans la gestion des affaires tant privées que publiques, elle a créé un mouvement de femmes unique. Certains voudraient le restreindre au rassemblement des femmes catholiques favorables à la place de la femme à la maison, en charge de la sphère domestique et de l'éducation des enfants. Mais l'UFCS, qui n'est pas à une subtilité près, visait, alors que les femmes n'étaient pas «majeures» et ne pouvaient pas voter, à les préparer à l'usage du droit de vote, à en faire des électrices responsables tout en réclamant pour chacune d'entre elles la possibilité d'élever ses enfants sans avoir à travailler. Par ailleurs, au-delà du vote des femmes, c'est bien le vote familial que promouvait
Andrée Butillard, avec davantage de poids pour les familles dans la balance politique.

Le pari de cette histoire inédite est de faire le lien entre l'héritage de Butillard et l'évolution de l'UFCS après sa disparition. Car la charnière est bien là, en 1955, quand il a fallu poursuivre l'œuvre entamée trente ans plus tôt. L'UFCS est finalement restée fidèle à ses valeurs fondatrices, tout en mettant à distance certains éléments trop doctrinaux. Elle a su évoluer avec son temps jusqu'à aujourd'hui, engagée pour l'égalité des chances entre hommes et femmes. Mouvement de formation permanent et association reconnue d'utilité publique, elle a touché à tous les domaines liés à la vie des femmes: vie familiale, vie professionnelle, civisme, consommation… Une des grandes clairvoyances de sa «mère-fondatrice» est sans doute de ne pas avoir distingué dans le travail des femmes les tâches rémunérées de celles qui ne le sont pas. Si bien que son regard global sur le rôle de la femme dans le monde a gardé de sa radicalité et guide toujours et encore son action.

Amélie Rigaud
( Mis en ligne le 19/06/2006 )
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