L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Temps Présent  

Patrimoine sonore et audiovisuel français - Guide de recherche en sciences sociales
de Agnès Callu , Hervé Lemoine et Collectif
Belin 2005 /  375 €- 2456.25  ffr.

7 tomes (6 volumes, 1 CD-Rom d'information et 1 DVD-Rom).

Prix Osiris 2005 de l’Institut de France

Prix de la recherche 2005 du Comité d’histoire de la radiodiffusion

Prix spécial du jury de l’Inathèque de France 2005

Agnès Callu collabore à Parutions.com.


A voir et avoir

On reste abasourdi par l’immensité du travail mis en œuvre par Agnès Callu et Hervé Lemoine pour livrer au public et au monde de la recherche cette impressionnante somme en sept volumes.

Il était temps et le calendrier semble respecté. Car plus personne n’ignore l’importance des sources audiovisuelles dans l’édification de l’histoire du temps présent, voire de l’histoire contemporaine tant les documents remontant au premier tiers du XXe siècle sont en effet nombreux. Il était temps parce que ce XXe siècle, marquant l’avènement du son et de l’image, aujourd’hui derrière nous, devait amener quelques esprits curieux et opiniâtres à ce travail de collecte, à cette enquête qui, avec la conscience de ne pouvoir prétendre à l’exhaustivité, y a du moins brillamment tendu. Il était temps enfin car si le XXe siècle vit la naissance et l’ascension de l’image et du son, le XXIe siècle, en la matière, s’annonce totalitaire et posera à n’y pas manquer de sérieux problèmes de conservation et de classement d’archives aussi pléthoriques. Cette recherche trouve donc pleinement sa place dans un moment clé, un seuil historique.

Sept volumes, ça n’est pas rien ! Cette encyclopédique publication, consentie par les éditions Belin – qu’il faut donc saluer d’une entreprise à la fois nécessaire mais aventureuse et risquée à bien des égards -, est l’outil absolument nécessaire à tout chercheur travaillant sur le présent et l’audiovisuel. Le premier tome se veut comme un essai d’historiographie et un guide pratique, devant faciliter l’accès aux sources au chercheur. Les quatre volumes suivants répertorient sous la forme de fiches techniques bien pensées, les lieux renfermant ce type de sources, à commencer par les institutions phares en France (Bibliothèque nationale de France, Centre National de la Cinématographie, Institut National de l’Audiovisuel, Archives nationales, Services Historiques de la Défense, etc – objets du tome 2), pour poursuivre par un panorama géographique : Paris et l’Ile de France (tome 3), le Nord (tome 4) et le Sud (tome 5, évoquant également les DOM-TOM et les principales institutions à l’étranger). Le sixième volume revient à l’historiographie et à l’épistémologie en développant les composantes techniques et juridiques liées à la création et à l’exploitation de ces sources.

Enfin, le septième et dernier volume s’ouvre au multimédia, par un CD-Rom et un DVD illustrant par de nombreux exemples éclairants, les données renfermées dans les six premiers ouvrages. Le CD-Rom est un outil de recherche, devant permettre une lecture optimisée des autres tomes et l’accès via internet aux sites signalés. Le DVD, enfin, offre une sélection de sources sonores et audiovisuelles, témoins de la richesse des fonds ici présentés, à travers deux documentaires : «Vous n’allez pas raconter ça !» de Michel Courty (avec, par exemple l’annonce du décès de Georges Pompidou sur France-Musiques le 2 avril 1974, ou «Pourquoi j’ai monté Dom Juan» par Louis Jouvet), et «Histoire, cinéma et vidéo : fragments», réalisé par François Borot. Ici, l’on pourra voir, par exemple, une visite des souverains britanniques à Paris en 1938, des images – nombreuses… - des guerres, les obsèques du Général de Gaulle, mais aussi des documents sur les dangers de la blénoragie ou Ivry. La volonté d’équilibrer les données politiques et militaires, économiques et sociales, culturelles enfin, est l’un des points forts de ce classement.

Le point faible, légitime, est évidemment le prix de cette somme, que les centres de recherche et les universités et autres bibliothèques, associations ou musées, acquerront sans doute plus facilement que le particulier et le chercheur. Mais l’ampleur de la tâche et la qualité du résultat justifient un tel prix.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 04/12/2005 )
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