L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Histoire Générale  

Histoire du droit français - Des origines à la Révolution
de François Olivier-Martin
CNRS éditions - Histoire 2010 /  32 €- 209.6  ffr. / 758 pages
ISBN : 978-2-271-07030-2
FORMAT : 15,5cm x 24cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

Un grand classique réédité

Admirateur de la politique antique, Saint-Just déclarait pendant la Révolution française que «le monde est vide depuis les Romains» et que «leur mémoire le remplit et prophétise encore la liberté». L'analogie entre les Républiques romaine et française est certes séduisante à plus d'un titre, mais une parenthèse monarchique de près d'un millénaire - rien de moins - s'est immiscée entre la chute de Rome (d'abord de la République, puis de l'Empire) et l'abolition de la royauté, le 21 septembre 1792. Dans son Histoire du droit français, datant de 1948 et rééditée cette année par les éditions du CNRS, François Olivier-Martin s'est penché sur 1.500 ans de traditions juridiques, allant «du droit gallo-romain aux institutions de la France des Lumières, de Saint-Louis rendant la justice sous son chêne à Louis XVI convoquant les états généraux».

Se voulant «à la fois traditionaliste et novateur» (p.6), l'ouvrage du Professeur est un véritable monument, une immense «fresque qui retrace la naissance de l'État-nation, décrit la centralisation progressive de la monarchie, narre le développement de la justice souveraine». A travers cette somme, qui est bien davantage qu'un simple manuel d'histoire du droit, c'est tout le passé politique de la France qui est abordé à partir d'un découpage chronologique. Ainsi, l'auteur débute par la rencontre des traditions romaine et germanique entre le IVe siècle et la fin du IXe siècle. Pour ce faire, il se concentre, notamment, sur les sources du droit, sur l'influence décisive de l'Église catholique, sur les institutions politiques franques et sur les précédents féodaux.

Ensuite, c'est l'émergence progressive des institutions françaises, du Xe au XIIIe siècles, qui fait l'objet de développements particuliers. Avec force détails, François Olivier-Martin explique leur évolution lors de l'installation de la féodalité, puis au Moyen Age et finalement sous le règne de Saint Louis, qui «considérait la coutume comme le régulateur souverain des situations contestées». C'est d'ailleurs pour cette raison, prétend le juriste dans un autre ouvrage, que nul plus que Saint Louis «n'a été attentif à respecter la coutume».

Le dernier axe du livre a trait à l'irrépressible développement du pouvoir royal ainsi qu'à l'équilibre monarchique. Il y est, entre autres, question de la fin de l'universalisme chrétien et de la montée en puissance de l'absolutisme. Les principales institutions du Royaume de France y sont analysées. Ainsi en va-t-il, notamment, du roi, de son conseil, de l'armée et de la marine, de la justice ainsi que de l'assistance et de l'éducation. En guise de conclusion, François Olivier-Martin évoque la crise de l'Ancien Régime, laquelle s'est soldée par la Révolution française que le philosophe Hegel considérait naguère comme un «superbe lever de soleil» dans l'histoire de l'humanité.

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 19/10/2010 )
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