Histoire & Sciences sociales
Histoire Générale de Simon Montefiore
Calmann-Lévy 2011 / 26,90 €- 176.2 ffr. / 700 pages
ISBN : 978-2-7021-4253-0
FORMAT : 15,3cm x 24cm
Raymond Clarinard (Traducteur)
Isabelle Taudière (Traducteur)
''Le centre du monde''
«Voir Jérusalem, affirmait naguère Benjamin Disraeli, c’est voir l’histoire du monde ; plus encore, c’est voir l’histoire du Ciel et de la Terre». Extrait de Tancrède ou La Nouvelle Croisade, l’aphorisme de l’ancien Premier ministre britannique a été placé par Simon Sebag Montefiore en exergue de son dernier et passionnant ouvrage intitulé Jérusalem. Biographie, paru aux éditions Calmann-Lévy.
Simon Sebag Montefiore n’en est pas à son coup d’essai, bien au contraire, puisqu’il est l’auteur de nombreux ouvrages remarqués et primés. Ceux-ci portent notamment sur l’histoire de la Russie, comme c’est notamment le cas de Staline : la cour du Tsar rouge et Le jeune Staline. Avec le présent ouvrage, c’est une véritable biographie de la ville sainte que livre l’historien londonien qui a fait ses études à Cambridge.
Le sujet est très ambitieux tant Jérusalem constitue un sujet de (vives) tensions. Spirituelle et sacrée, Jérusalem l’est assurément. Si la ville est en effet universelle, elle est également la capitale de deux peuples, mais aussi le lieu saint de trois religions : le judaïsme, le christianisme et l’islam. La ville est donc un symbole transcendant bel et bien les nations et les cultures. A cet égard, comme l’indique l’auteur, Jérusalem est souvent tenue pour «le centre du monde».
De tout temps, elle a été l’objet des plus vives convoitises. Pourtant, elle ne fut jamais autre chose qu’une ville plutôt provinciale dépourvue de toute valeur stratégique : en effet, Jérusalem est militairement difficile à défendre. Très fréquemment attaquée par presque tous les grands empires qui se sont formés autour de la Méditerranée, la ville a opté pour la reddition la plupart du temps. Au plan économique, son importance est relativement négligeable, car aucune route commerciale majeure ne la traverse.
Certes les avantages et bénéfices matériels découlant de sa conquête sont à vrai dire minimes, mais il n’en demeure pas moins que la ville a été disputée à maintes reprises. Il faut dire que Jérusalem est éminemment symbolique : «elle est la seule ville à exister en deux endroits, sur terre comme au ciel : sa grâce terrestre exceptionnelle n’est rien comparée à sa gloire céleste. Le fait même que Jérusalem soit à la fois terrestre et céleste signifie que la cité peut exister partout : de nouvelles Jérusalem ont été fondées entières et chacun a une vision de la ville qui lui est propre». Le judaïsme y est né et c’est également là-bas que le monde prendra fin lors du Jugement dernier, dit-on...
Montefiore retrace donc le riche et extraordinaire destin de Jérusalem. Initialement, la cité n’était qu’un petit bourg cananéen jusqu’à ce que l’Etat d’Israël la récupère en 1967. Fréquemment dévastée, la ville sainte a été autant de fois reconstruite. C’est cette histoire complexe et «rythmée par des évolutions tranquilles et par des révolutions violentes» que relate avec brio l’historien britannique en se fondant sur de très nombreuses sources.
Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 06/12/2011 )
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