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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Karl Marx - Une vie entre romantisme et révolution
de Bernard Cottret
Perrin 2010 /  23 €- 150.65  ffr. / 442 pages
ISBN : 978-2-262-03270-8
FORMAT : 15,7cm x 24,2cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

L'autre Marx

«Marx est mort, Marx est mort deux fois. L'histoire a tranché : Marx est mort une première fois, de façon clinique, le 14 mars 1883 ; une seconde fois, un siècle plus tard, victime de ses disciples qui ont couvert de son nom la plus navrante des utopies» (p.7). D'emblée, Bernard Cottret donne le ton de son dernier ouvrage Karl Marx – Une vie entre romantisme et révolution. A bien des égard remarquable, la biographie de Bernard Cottret, enseignant à l'Université de Versailles-Saint-Quentin, fera probablement date.

Si Marx fait partie de ces personnages dont on parle sans cesse et qui reviennent «périodiquement hanter les vivants», peu le connaissent véritablement. Celui que nous décrit Bernard Cottret est un personnage de son temps, une sorte de «bourgeois humaniste», non seulement pétri de culture économique, mais également polyglotte et «féru de littérature et d'histoire». L'homme, dans l'ombre duquel «un tiers de l'espèce humaine» vivait à l'apogée du communisme, aurait pu être poète ou écrivain à succès. Chez cet européen avant la lettre, la réflexion a associé de manière féconde «la philosophie allemande, l’économie politique anglaise et la politique française» (pp.8-9).

Au fil des pages, on découvre des aspects méconnus de la vie de Marx. Le portrait que B. Cottret dresse de l'auteur allemand est parfois inattendu : russophobe, partisan du libre échange et hostile au protectionnisme, lecteur invétéré de Shakespeare, Goethe et Guizot, amateur de vin, d'une extrême dureté avec les siens et avec son gendre Lafargue, lequel écrira par la suite un ouvrage sur Le Droit à la paresse.

«Ce qu'il y a de certain,
aurait lâché Marx avant sa mort, c'est que je ne suis pas marxiste». En effet, comme toutes les autre grandes doctrines, le marxisme «a échappé à son fondateur» (p.10). Dépoussiérant sans hostilité et sans complaisance Marx, l'ouvrage de Bernard Cottret permet de mieux distinguer «l'icône» de «l'homme» véritable, lequel a consacré son existence «à l'humanité souffrante qui pense, et à l'humanité pensante qui souffre» (p.328).

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 23/11/2010 )
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