L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Pierre Brossolette
de Eric Roussel
Hachette - Pluriel 2014 /  9 €- 58.95  ffr. / 348 pages
ISBN : 978-2-8185-0379-9
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en janvier 2011 (Fayard-Perrin)

Figure résistante

Beaucoup de villes de France ont une rue Pierre Brossolette, pour célébrer ce valeureux résistant. Le livre d’Éric Roussel sur cet homme de mémoire était très attendu.

L'auteur trace tout d’abord le cadre dans lequel est né Pierre Brossolette, un milieu très à gauche et anticlérical. Après avoir passé le concours de la rue d’Ulm, Brossolette obtient l’agrégation d’histoire, après un coup d’éclat où il conteste le sujet d’examen ; malgré cela, il est admis.

Il se lie d’amitié avec des gens de gauche comme Blum, mais il admire également Maurice Barrés, nationaliste de droite. Il sera par la suite initié et deviendra Franc-Maçon. Puis, après la démobilisation, il devient libraire, reprenant une librairie qui avait une clientèle «de russes», rue de la Pompe dans le 16ème arrondissement parisien.

Son entrée dans la résistance se fait dans le réseau du Musée de l’Homme dont il anime l'organe de presse clandestin, Résistance. Il fait plus tard la connaissance du colonel Passy, qui organisera le BCRA, le service de renseignement de la France Libre. Il va alors à Londres où il fait la connaissance du Général de Gaulle, qu'il apprécie mais dont il ne fut jamais «un inconditionnel». Il écrira d’ailleurs une lettre au général de Gaulle où il lui reprochera sa «rugosité», ce qui sera très mal pris.

Il rencontre ensuite Jean Moulin avec qui la relation est, et c’est un euphémisme, très houleuse : d’un côté, un haut fonctionnaire, un homme politique pragmatique, de l’autre un journaliste au fort caractère. Des discussions très violentes les opposent, notamment sur la place à réserver aux partis politiques au sein du Conseil de la Résistance. Pour de Gaulle, «Brossolette était une sorte de philosophe du gaullisme et Jean Moulin un pratiquant du gaullisme».
 
Peut-être l'auteur cherche-t-il ici trop à apposer les deux hommes, tous deux morts face à l'occupant nazi, l’un à la suite de ses tortures alors que l'autre se défenestra après avoir été torturé. Ils furent avant tout de grands résistants même si l’un est au Panthéon, et l’autre pas. L'importance est-elle dans ces différences, ou dans leur commune exemplarité et leur sacrifice partagé ?...

Jean-Pierre Fourmont
( Mis en ligne le 04/03/2014 )
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