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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Constantin le Grand
de Pierre Maraval
Tallandier 2011 /  23,90 €- 156.55  ffr. / 396 pages
ISBN : 978-2-84734-753-1
FORMAT : 14,5cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

Unificateur de l'empire

Professeur émérite à l’université Paris IV-Sorbonne, Pierre Maraval vient de consacrer une biographie d’excellente facture à Constantin le Grand, parue aux éditions Tallandier. Fin spécialiste du bas-empire romain et des premiers siècles chrétiens, l’universitaire n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’on lui doit notamment une biographie remarquée de Théodose le Grand (2009).

Fils de Constance Chlore et d’Hélène, Constantin naquit entre 271 et 277 dans une région située au sud du Danube. Plus précisément, sa ville natale est Nis en Serbie, laquelle était traversée par deux routes de grande importance : l’une reliant Thessalonique au Danube, l’autre allant d’un bout à l’autre des Balkans. La région était sujette aux invasions des barbares venant du nord.

A la mort de son militaire de père, qui officia sous Dioclétien, Constantin fut proclamé auguste par l’armée. Débuta alors une compétition féroce pour la conquête et l’exercice du pouvoir suprême. Constantin complota et guerroya contre les autres prétendants, dont le père de son épouse Maximien. S’appuyant sur la Gaule, en 312, Constantin envahit l’Italie. Au Pont Milvius, il défit son rival Maxence.

La légende veut que l’impétrant ait reçu l’appui du dieu des Chrétiens lors de cette célèbre bataille pour le contrôle de la ville éternelle. Ce qui le poussa ensuite à se convertir au christianisme. De concert avec Licinius, lequel régnait en Orient, Constantin scinda l’empire en deux. Un an plus tard, par le truchement de l’édit de Milan, l’empereur Constantin accorda la tolérance aux Chrétiens.

En 323, à la suite de la bataille d’Andrinople où il prit le meilleur sur Licinius, Constantin rétablit l’unité de l’empire romain. Il en profita alors pour accentuer les tendances centralisatrices et dirigistes des réformes mises en place par Dioclétien, son prédécesseur. Assisté par une poignée d’hommes de confiance, l’empereur s’efforça de faire de l’hérédité le fondement du pouvoir. Ce faisant, il contribua toutefois à figer la hiérarchie sociale.

La religion occupa une place majeure pendant son règne. Après avoir pris des mesures contre le paganisme, en 325, l’empereur convoqua et présida le concile de Nicée, qui fut le premier concile œcuménique. Progressivement, l’Eglise se développa sur le modèle impérial et l’Etat s’ingéra de plus en plus dans ses affaires. La législation prit un tour ouvertement chrétien.

Tour à tour imperator - i.e. général victorieux -, législateur, pontifex maximus et philosophe, l’empereur Constantin fut également un bâtisseur. Des cités comme Trèves, Arles, Antioche, Nis et Thessalonique lui doivent des monuments majeurs. En Orient, il fit bâtir pas moins de quatre basiliques. Naturellement, Rome ne fut pas oubliée : un arc de triomphe fut érigé à proximité du Colisée. Par ailleurs, avant de faire de Byzance la capitale impériale, qui devint Constantinople, il la fit reconstruire fastueusement.

A sa mort en 337, Constantin laissa à ses successeurs un empire unifié, dont les frontières étaient stabilisées. S’il ne fut en définitive ni un saint ni un tyran, comme l’indique à juste titre Pierre Maraval dans cette captivante biographie, «on ne peut pas ne pas reconnaître une réelle grandeur à ses desseins et à ses réalisations».

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 06/12/2011 )
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