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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Jean-Marie Lustiger - Le cardinal prophète
de Henri Tincq
Grasset 2012 /  20.90 €- 136.9  ffr. / 360 pages
ISBN : 978-2-246-74681-2
FORMAT : 15,5 cm × 23,0 cm

Immortel

Cinq années après la disparition du cardinal Lustiger (1926-2007), le journaliste Henri Tincq vient de lui consacrer une excellente biographie, parue aux éditions Grasset. Le «cardinal prophète», ainsi que l’appelle l’ancien journaliste du Monde des Religions et de La Croix, représente en effet une figure tout à fait atypique du catholicisme.

D’emblée, l’auteur avance l’idée que Monseigneur Lustiger était à la fois «une figure biblique et un intellectuel passionné et résolument moderne». Il se trouvait être «juif de naissance, d’instinct, d’émotion et de dévotion» mais aussi «catholique par conversion et par conviction». Convaincu de l’extrême urgence de sa mission, le cardinal Lustiger était une «figure prophétique» jetant sans cesse la lumière sur les injustices du monde et sa nécessaire sécularisation.

Né à Paris en septembre 1926, Jean-Marie Aaaron Lustiger était issu d’une famille d’émigrés polonais d’origine juive, laquelle souffrit terriblement des affres de l’Occupation nazie. La mère du jeune Jean-Marie fut en effet déportée à Auschwitz, où elle trouva la mort. Quant à lui, il reçut le baptême en août 1940. Contre l’avis de son père, il entra au séminaire. Il devint prêtre en 1954 et officia d’abord au centre Richelieu.

En 1969, Jean-Marie Lustiger fut nommé à la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal dans le 16ème arrondissement parisien. Il se confronta ainsi au tout-venant des chrétiens et anima la paroisse de telle sorte qu’elle devint l’un des centres les plus dynamiques de la vie religieuse parisienne. Jean-Paul II, avec lequel il entretenait d’excellentes relations, le nomma évêque d’Orléans en novembre 1979. Dans le Loiret, il exprima avec force le souci des plus défavorisés et notamment des immigrés.

Deux années plus tard, la succession du cardinal Marty à l’archevêché de Paris lui fut confiée. En février 1983, il poursuivit son ascension et devint finalement cardinal. Jean-Marie Lustiger y affirma une ligne novatrice et proche de la pensée développée par le Suisse Hans Urs von Balthasar. Il critiquait les dérives du monde moderne, dont l’éloignement vis-à-vis du christianisme aurait d’une certaine façon abouti aux totalitarismes.

Le cardinal défendait l’idée que les catholiques devaient donc se montrer moins frileux et affirmer leur foi en bonne intelligence. Pour ce faire, avec autorité, il réorganisa le diocèse, ce qui lui valut quelques inimitiés. Peu satisfait de l’enseignement catholique, il créa l’Ecole cathédrale en 1985 et le Studium Notre Dame. Le cardinal opta pour de grandes mobilisations médiatiques, comme par exemple la grand-messe pontificale des JMJ sur la pelouse de Longchamp en 1997. Il s’agissait alors de créer un modèle de la «nouvelle évangélisation».

En 1995, il intégra l’Académie française. Certes sa renommée était très grande, mais ses initiatives dans les domaines audiovisuel et radiophonique furent néanmoins mitigées. A l’aise avec les médias, le cardinal Lustiger intervint régulièrement sur des sujets divers et avec une grande liberté de ton. En 1984, il participa par exemple à la levée de boucliers contre les projets scolaires socialistes. Loin de se cantonner à l’espace public hexagonal, il se rendit notamment en URSS et en Israël.

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 20/06/2012 )
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