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Histoire & Sciences socialeset Biographie  

Vercingétorix
de Camille Jullian
Tallandier - Texto 2012 /  11 €- 72.05  ffr. / 398 pages
ISBN : 978-2-84734-977-1
FORMAT : 12,0 cm × 18,0 cm

Laurent Olivier (Préfacier)

Un classique

«Le lendemain (de la défaite), Vercingétorix convoqua l’assemblée : il déclare que cette guerre n’a pas été entreprise par lui à des fins personnelles, mais pour conquérir la liberté de tous ; puisqu’il faut céder à la fortune, il s’offre à eux, ils peuvent, à leur choix, apaiser les Romains par sa mort ou le livrer vivant. On envoie à ce sujet une députation à César. Il ordonne qu’on lui remette les armes, qu’on lui amène les chefs des cités. Il installe son siège au retranchement, devant son camp : c’est là qu’on lui amène Vercingétorix, on jette les armes. Il réserve les prisonniers eduens et arvernes, pour essayer par eux de regagner ses états, et distribue le reste des prisonniers, par tête à chaque soldat à titre de butin».

C’est ainsi que Jules César décrivait, dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, l’attitude vertueuse et courageuse de Vercingétorix après la défaite des Gaulois contre les Romains. Le Gaulois a fait l’objet de nombreuses publications, dont celle de Camille Jullian en 1901. Certes les ouvrages qui lui ont été consacrés après la Seconde Guerre mondiale étaient volontiers critiques (en 1955, J. Harmand faisait de chef gaulois un agent de César, tandis qu’en 1958 M. J. Carcopino le décrivait comme un incapable), mais tel n’était pas le cas de la biographie de Camille Jullian, lequel en avait brossé un portrait flatteur. Sa brillante étude, qui suscita tellement d’enthousiasme et devint si promptement un classique, vient d’être rééditée par les éditions Tallandier.

Vercingétorix naquit en 72 avant Jésus Christ en pays arverne. Celtillus, son père, avait entendu devenir roi, ce qui le mena à sa perte, puisqu’il fut finalement mis à mort par ses concitoyens. Vercingétorix s’efforça plus tard d’unir les Arvernes contre Rome lors de la révolte de 52. Ce que ne goûtèrent point certains aristocrates gaulois. A cette occasion, il fut certes chassé, mais il mena à bien son projet : il parvint en effet à former une force armée composite, mais importante d’un point de vue numérique, dont il devint le chef. Vercingétorix essaya alors de fédérer tous les peuples de Gaule. Afin d’éviter que la coalition ne se fissure, l’Arverne se fit confier des otages par toutes les cités gauloises, auxquelles il imposa de lui fournir une certaine quantité d’armes.

Intransigeant, Vercingétorix fit régner une discipline implacable parmi ses troupes. Les fautes étaient très lourdement sanctionnées : yeux crevés, oreilles coupées et même mort au bûcher… Le chef gaulois essaya de surprendre et de vaincre les Romains avant que César rentre d’Italie. Ce qui ne fonctionna pas, puisque Jules César réussit à reprendre le dessus à peu près partout. A la suite de nombreux revers, Vercingétorix dut adopter la tactique de la terre brûlée afin de priver les Romains de vivres. Villes et fermes furent donc incendiées, mais les habitants de Bourges réussirent à faire en sorte que leur ville soit laissée intacte. La ville tomba, néanmoins, aux mains de César. En mai 52, Vercingétorix parvint à infliger un sévère camouflet aux Romains à Gergovie.

Au mois d’août, cependant, l’armée romaine anéantit la cavalerie gauloise à Dijon, ce qui obligea Vercingétorix à se retrancher à Alésia. Le siège de Jules César empêcha l’arrivée de renforts devant épauler les Gaulois. Souffrant de la famine, Vercingétorix et les siens durent se rendre à l’envahisseur romain. L’Arverne déposa les armes et fut emmené en Italie, où il demeura prisonnier quelques six années. Pour fêter Jules César, il fut traîné dans Rome avec d’autres prisonniers célèbres. En 45 avant Jésus Christ, Vercingétorix fut étranglé dans sa cellule.

La réédition de ce classique si érudit et bien écrit est une belle réussite !

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 29/01/2013 )
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