Histoire & Sciences sociales
Biographie de Jean-Yves Frétigné
Fayard 2006 / 27 €- 176.85 ffr. / 518 pages
ISBN : 2-213-62956-0
FORMAT : 14,0cm x 22,0cm
Préface de Pierre Milza.
L'auteur du compte rendu : Chargé d'enseignement en FLE à l'Université de Liège, Frédéric Saenen a publié plusieurs recueils de poésie et collabore à de nombreuses revues littéraires, tant en Belgique qu'en France (Le Fram,Tsimtsoum, La Presse littéraire, Sitartmag.com, etc.). Depuis mai 2003, il anime avec son ami Frédéric Dufoing la revue de critique littéraire et politique Jibrile.
Il padre genovese
Qui dit «Risorgimento» associe d’emblée au mouvement de réunification de la péninsule les noms de Cavour ou de Garibaldi et sa fameuse «Expédition des Mille» en 1860. C’est au détriment des faits militaires qu’on néglige trop souvent d’aborder les têtes pensantes des mouvements insurrectionnels. Pourtant, l’histoire de la botte et sa configuration actuelle eussent été sans doute bien différentes si Mazzini n’avait été le penseur qui allait l’amener à l’indépendance.
Le mazzinianisme se situe à la convergence du libéralisme, de l’aspiration à la démocratie et du socialisme. En ce sens, il sera à la base de l’idéal républicain dans l’édification du nouvel Etat. L’acte de naissance d’une telle pensée politique se concrétise véritablement en 1831 quand Mazzini, alors exilé en France, fonde à Marseille La «Giovine Italia», mouvement inspiré de la confrérie aux allures maçonniques des Charbonniers et dont la devise «Dieu et le Peuple» montre bien le mélange inextricable entre référence à la spiritualité et soif de liberté qui l’anime. «Pensée et action» seront les deux mamelles de cette Troisième Rome dont il rêva, succédant à la Rome Impériale et à la Rome pontificale pour tracer à l’humanité le chemin vers le bonheur.
Au-delà de la pure aspiration nationaliste donc, Frétigné met bien en évidence la vision pré-européiste, voire universaliste, dont Mazzini fut toute sa vie le tenant. Son destin d’éternel fuyard l’amènera en France, en Suisse et le plus souvent en Angleterre. C’est en l’occurrence à la faveur de ces pérégrinations que Mazzini développa des contacts avec la plupart des autres grands mouvements du Printemps des Peuples qui enflamma la moitié du XIXe siècle. Au terme de cette vie palpitante mais épuisante de clandestino, il reviendra une ultime fois en Italie (sous un faux nom !), pour mourir à Pise, deux ans après sa libération de la prison de Gaète.
Grâce à cette biographie aux accents parfois un peu scolaires mais irréprochablement documentée, Frétigné comble auprès du public francophone une lacune en matière d’historiographie. Il restitue toutes les facettes d’une des figures majeures de l’Italie moderne.
Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 24/11/2006 )
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