L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Science Politique  

Dictionnaire critique de la République

Flammarion 2002 /  / 1340 pages
ISBN : 2080680595

Sous la direction de Vincent Duclert et de Christophe Prochasson.
99 Euros jusqu’au 31/01/2003 (puis 125 Euros.


Une et indivisible

Incontestablement, cet ouvrage est appelé à faire date. Dans cette formidable débauche d’érudition, 100 auteurs, autour de 200 articles, sur 1300 pages, font un tour exhaustif de l’idée républicaine, de l’histoire républicaine et de ceux qui l’ont façonnée, avec pour objectif de définir précisément ce « patrimoine culturel et politique commun » , plus « qu’un simple consentement formel » jugent-t-ils.

Le livre est habilement articulé autour de huit parties distinctes qui traduisent, pour chacune d’entre elles, la richesse de cette notion de « république ».

L’histoire des cinq républiques françaises fournit l’entrée en matière. Deux siècles de péripéties républicaines sont ainsi commentés, depuis la nuit improbable du 21 au 22 septembre 1792, au cours de laquelle la Première République fut proclamée, jusqu’à notre Cinquième République, née depuis les balcons tumultueux du Gouvernement Général d’Alger. Cinq républiques au service de valeurs souvent communes : valeurs qui constituent les pierres angulaires de l’idée républicaine (le triptyque « liberté, égalité, fraternité » naturellement) ou valeurs que le temps ou l’histoire immédiate ont forgé : instruction publique, laïcité, service public ou défense républicaine. Des valeurs servies enfin par des institutions que l’on retrouve bien souvent au fil des différentes constitutions.

Suivent plusieurs parties, qui font le coeur de l’ouvrage, dans lesquelles la République est appréhendée, c’est l’originalité d’ailleurs de ce dictionnaire, au travers des espaces et des temps, des modèles et des représentations, des pratiques et des identités ou des symboles et des savoirs. Autant d’angles d’analyse qui nous permettent de constater que, pour pérenne que soit aujourd’hui la République, il n’en a pas été toujours de même au cours des siècles précédents. Quoi de commun en effet, au départ, entre la République dans l’esprit des Catholiques, dans celui des francs-maçons, des ouvriers, ou encore des féministes ? Les références à des concepts positifs (l’idéal athénien par exemple) ou négatifs (la menace prussienne puis allemande notamment) suffisent-elles à unir autour de l’idée républicaine l’ensemble des communautés de fait qui façonnent la nation française ? Jamais l’idée républicaine n’a semblé définitivement et absolument acquise. La République s’est construite peu à peu, autour de valeurs inconscientes ou de réalisations volontaires visant à l’affermir. Dans cet esprit, sont étudiés les symboles républicains, qu’ils s’agissent de timbres-poste, d’architecture, de décoration ou des grands travaux républicains, consubstantiels à l’idée républicaine : en somme la geste républicaine ! Une geste tellement prégnante qu’elle permet, à la longue, de définir un quasi homo republicanus et une vie sociale type en République : comment apprend-on, banquette-t-on, chante-t-on, naît-on, travaille-t-on, trahit-on même, sous ce régime ?
Sans oublier enfin, en guise d’épilogue et pour humaniser ces nombreux concepts, la présentation des grandes figures républicaines, d’Arago à Chevènement, en passant par Tocqueville, Hugo, Larousse, ou Jaurès.

Un ouvrage complet qui fait figure d’outil de travail indispensable pour qui veut appréhender l’extraordinaire diversité de l’idée républicaine en France.

Alexis Vialle
( Mis en ligne le 06/01/2003 )
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