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Histoire & Sciences socialeset Sociologie / Economie  

La Nudité - Pratiques et significations
de Christophe Colera
Editions du Cygne 2008 /  20 €- 131  ffr. / 190 pages
ISBN : 978-2-84924-103-5

Christophe Colera collabore à Parutions.com

La nudité mise à poil

Docteur en sociologie et chercheur dans cette discipline, Christophe Colera consacre l’essentiel de ses investigations au thème de la construction sociale de la subjectivité. Son dernier essai en date se situe au cœur de cette problématique, en ce qu’il explore sous toutes ses facettes la notion de nudité.

Guidé dans sa démarche par des principes d’analyse wébériens, Colera distingue quatre idéaux-types, dont il signale d’emblée la proximité, voire la perméabilité, mais qui lui permettront de présenter un panorama complet des pratiques et signification du dénudement. Ainsi aborde-t-il, à travers le temps et l’espace, la nudité fonctionnelle (celle du corps à laver, à soigner ou à enterrer), la nudité comme affirmation d’une puissance ou d’un droit (en termes d’art ou de politique), la nudité comme humiliation (en contexte de viol, de torture, de guerre, etc.) et enfin la nudité comme don (dans le cadre du marché prostitutionnel notamment).

Le tout donne une étude riche en références à des mythes fondateurs (la fameuse Phryné ou la cruelle légende de Gigès et du Roi Candaule) ou à des anecdotes, allant de l’Antiquité à la modernité la plus immédiate. C’est peut-être d’ailleurs l’un des points faibles de cet ouvrage que d’apparaître à certains moments un peu brouillon, en tout cas rapide dans ses transitions. On peut par exemple glisser de l’évocation des torses nus dans Goldorak ou L’Incroyable Hulk, séries chères à toute une génération d’enfants de la télé, au rappel du tragique destin de Perpétue, martyre chrétienne à Carthage en 203. Ou encore d’une citation de Nietzsche extraite de La Naissance de la tragédie… au commentaire éclairé d’un Martiniquais anonyme, déposé le 9 janvier 2007 sur un quelconque forum Internet.

Son aspect capharnaümesque entache quelque peu le sérieux que l’on prête à cette lecture et au bien-fondé du propos qui y est développé. Car un universel humain, commun à toutes les cultures, a rarement été envisagé avec un tel souci d’exhaustivité, sous un angle à l’intersection de l’anthropologie et de la sociologie. Les chapitres sur les rapports entre nudité et art ou ceux concernant la pornographie sont à cet égard des plus parlants.

Un livre qui, malgré ses défauts, s’effeuille donc avec autant de plaisir que d’intérêt…

Frédéric Saenen
( Mis en ligne le 28/04/2009 )
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