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Histoire & Sciences socialeset Sociologie / Economie  

Les Femmes et la vie ordinaire - Amour, mariage et féminisme
de Christopher Lasch
Flammarion - Climats 2006 /  19 €- 124.45  ffr. / 249 pages
ISBN : 2-08-210545-8
FORMAT : 14,0cm x 21,0cm

Préface de Elisabeth Lasch-Quinn.

Traduction de Christophe Rosson.


Famille, je vous aime

L'américain Christopher Lasch nous livre avec Les Femmes et la vie ordinaire un essai à mi-chemin entre philosophie et histoire, sur un thème que les féministes considèrent comme leur chasse gardée, en particulier aux Etats-Unis où les gender studies sont une discipline à part entière. Au terme de sa vie, il a compilé avec l'aide de sa fille Elisabeth Lasch-Quinn les textes de cet ouvrage, fruits d'une réflexion sagace et iconoclaste sur l'image traditionnelle des femmes et le féminisme moderne qui en a découlé.

Femme à la maison, mari au travail, famille mononucléaire, autant de traits de la vie domestique occidentale qui, selon lui, n'ont pas seulement été subis par les femmes, mais qui sont un état de fait auquel elles ont contribué en se rendant les acolytes indispensables des agents de «l'État thérapeutique». Lasch situe tout spécialement sa réflexion au niveau des liens dans la famille. Amour, mariage, féminisme, tout est dans le sous-titre. Le penseur parcourt l'histoire des femmes américaines et remonte jusqu'à La Querelle des femmes, et des auteurs comme Rabelais, pour rappeler que si l'émancipation des femmes est un thème de prédilection des féministes à la sauce suffragette, ce n'est que grâce à l'avènement du mariage moderne lié, en Angleterre, au marriage act, loi d'une bourgeoisie désireuse de protéger ses intérêts dans les unions.

Une fois le mariage soumis à contrôle et réglementation, la seconde étape de repli des femmes sur la sphère domestique se poursuit avec la montée du puritanisme et l'opposition à l'éducation chic. Les jeunes filles ne doivent plus, dans l'Amérique du XIXe siècle, se contenter d'être belles et oisives, en quête d'un mari. Leur éducation, pour en faire des femmes «bien», les porte à travailler à l'entretien du foyer : à elles les tâches domestiques et éducatives. Culte de la domesticité et moralité sexuelle vont de pair, mais leurs promoteurs, loin de vouloir abaisser les femmes, entendaient au contraire en faire les arbitres des moeurs dans la famille et dans ses affaires.

Dans son analyse du progressisme, Lasch rejoint Foucault et son disciple Donzelot qui a lui aussi traité le thème de la crise de la famille. Sans concession ni pour les féministes, ni pour les politiques libérales ou keynésiennes, Lasch réhabilite les femmes et leur action à travers l'histoire. Il réaffirme l'importance de la famille et espère que la famille postmoderne, «recombinante» saura renouer avec l'idéal démocratique que semble avoir abandonné le couple-avec-enfants de l'âge d'or des banlieues américaines.

Amélie Rigaud
( Mis en ligne le 05/05/2006 )
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