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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

Journal du ghetto
de Janusz Korczak
Robert Laffont - Pavillons poche 2012 /  7.90 €- 51.75  ffr. / 196 pages
ISBN : 978-2-221-12689-9
FORMAT : 12,1cm x 18,3cm

Zofia Bobowicz (Traducteur)

Pédagogie de l’enfant sous l’occupation

Janusz Korczak (1878-1942) s’était déjà fait un nom avant que son Journal du ghetto ne paraisse en 1957. Médecin et écrivain, il brillait dans ces deux domaines tout en se spécialisant dans la pédagogie de l’enfant. Fondateur de l’orphelinat Dom Sierot pour les enfants de Varsovie, il en devint le directeur en 1911 jusqu’à sa déportation et celle de l’orphelinat tout entier en 1942. Il est un exemple de courage et de sacrifice, autant dans les diverses professions qu’il a effectuées que dans sa tragique disparition.

Si le travail de Korczak est respecté depuis près d’un siècle, il semblerait qu’il y ait un souci avec son Journal du ghetto, et ceci pour deux raisons essentielles. La première étant qu’à la lecture, la guerre et le ghetto n’apparaissent qu’en toile de fond (et encore, très vaguement). Le docteur ne parle que de pédagogie, de réglementation et de vie quotidienne à l’intérieur de la pension en évoquant également le travail de ses assistants. La seconde raison est littéraire car une fois encore, ce journal est en fait un fragment autobiographique, un monologue très mal daté et quelque peu désordonné (Ceci s’expliquant par le fait que c’est un texte interrompu, donc inachevé et non relu.) qui permet à Korczak de s’interroger sur sa fonction d’éducateur et la manière d’éduquer un enfant (qu’il y ait guerre ou pas d’ailleurs, il ne semble pas que cela soit le sujet.) durant ses longues nuits d’insomnie (et d’inquiétude).

L’histoire de ce manuscrit et la période qu’il couvre ont sans doute déplacé l’horizon d’attente du lecteur. Du coup, ce document n’a quasiment aucune valeur historique et n’intéressera que les pédagogues spécialisés dans les problèmes de l’enfance.

Malgré le fait que Korczak fut un homme tout à fait remarquable, son Journal est assez banal, ses considérations un peu floues et son style proche de celui d’une ordonnance délivrée par un médecin. On aurait pensé que l’auteur nous livre des informations plus concrètes sur l’occupation qu’il vivait mais son centre éducatif semblait être épargné par la guerre(jusqu’à ce que les SS débarquent pour arrêter tout le monde). C’est donc un Journal du Ghetto sans ghetto et quasi sans diarisme auquel le lecteur, un peu perdu par les considérations d’ordre pratique et intime, assiste. Et du coup, on reste un peu en dehors du sujet.

Ce livre intéressera peut-être l’amateur ou le connaisseur des instituts à but social mais pas tellement l’historien.

Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 14/02/2012 )
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