L'actualité du livre
Essais & documentset Pédagogie/Education  

Ruptures scolaires - L'école à l'épreuve de la question sociale
de Mathias Millet et Daniel Thin
PUF - Lien social 2005 /  24 €- 157.2  ffr. / 318 pages
ISBN : 2-13-054787-7
FORMAT : 15,0cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu: titulaire d’une maîtrise de Psychologie Sociale (Paris X-Nanterre), Mathilde Rembert est conseillère d’Orientation-Psychologue de l’Education Nationale.

L’obscur objet de mon affliction

Résultats catastrophiques, malgré un voire deux redoublements… Problèmes de comportement menant à l’exclusion par le conseil de discipline… Absentéisme allant jusqu’à la déscolarisation alors que l’élève n’a pas seize ans… Quel enseignant, quel conseiller principal d’éducation, quel conseiller d’orientation-psychologue n’a jamais eu à faire face à un collégien en «rupture scolaire» ? «Cas lourd» par excellence, cet adolescent, qui est souvent un garçon, souvent issu de milieu modeste, souvent d’origine immigrée, met en échec le système scolaire. Des dispositifs-relais ont été créés pour accueillir ce genre d’élèves pendant quelques semaines ou quelques mois, avec un succès mitigé.

Les sociologues Mathias Millet et Daniel Thin, qui appartiennent au groupe de recherche sur la socialisation qui réunit le CNRS, l’université Lyon 2 et l’Ecole Normale Supérieure de Lettres et Sciences Humaines, ont étudié les parcours d’une vingtaine d’élèves pris en charge par les dispositifs-relais dans la Loire et le Rhône les années 2000 et 2001. De nombreux entretiens ont été effectués avec ces élèves âgés de 13 à 15 ans et avec les adultes qui les entourent (parents et personnel de l’éducation nationale). La parole est donc donnée à des populations fragilisées, qui l’ont rarement.

Des travaux sociologiques ont déjà montré l’opposition qui existe, pour les jeunes de milieu social défavorisé, entre la logique de l’institution scolaire et la logique sociale qui préside à leur quotidien. Des auteurs se sont par exemple intéressés à la question du langage, d’autres au conflit de loyauté entre sociabilité juvénile et exigences scolaires. Dans leur recherche, Millet et Thin s’arrêtent successivement sur cinq grandes dimensions : les problèmes sociaux connus par les familles, les difficultés dans les apprentissages rencontrées par les jeunes, l’émergence du comportement a-scolaire, la construction du parcours de relégation dans l’institution scolaire et enfin le rôle des rapports avec les pairs.

Chacune des cinq parties est composée d’une introduction, d’un développement, d’un exemple prototypique d’élève illustrant le point traité, et d’une conclusion. Ce pavé de trois cent pages, dense, est donc avant tout ouvrage universitaire. A mille lieues des pamphlets à la mode sur l’éducation nationale, il s’adresse essentiellement à des étudiants ou à des professionnels du monde éducatif familiarisés avec la recherche en sciences sociales. L’analyse sociologique permet d’apporter des réponses nuancées et argumentées aux questions que peuvent se poser ces derniers, bien souvent dans des situations de «crise».

Mathilde Rembert
( Mis en ligne le 16/11/2005 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)