L'actualité du livre
Essais & documentset Questions de société et d'actualité  

La Voie - Pour l'avenir de l'humanité
de Edgar Morin
Fayard 2011 /  19 €- 124.45  ffr. / 307 pages
ISBN : 978-2-213-65560-4
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

La possibilité d'un monde meilleur

«Si le domaine des idées est révolutionné, écrivait Hegel, la réalité ne peut demeurer telle qu’elle est». Telle est l’une des diverses citations qu’Edgar Morin a placée en exergue de son dernier essai, paru aux Éditions Fayard. Intitulé La Voie, l’ouvrage part du constat que l’humanité est en danger, notamment à cause de la mondialisation. En effet, d’après le philosophe, «le vaisseau spatial Terre continue à toute vitesse sa course dans un processus à trois visages : mondialisation, occidentalisation, développement». Cette course effrénée conduirait l’humanité vers «des catastrophes en chaîne», rien de moins.

De prime abord, le constat parait accablant. Il l’est d’autant plus que l’humanité se trouverait engluée dans une relative incapacité à penser le présent. «Le présent, précise l’auteur, n’est perceptible qu’en surface. Il est travaillé en profondeur par des sapes souterraines, d’invisibles courants sous un sol apparemment ferme et solide». Cette méconnaissance du présent serait, en sus, renforcée par «la rapidité des évolutions» contemporaines ainsi que par «la complexité propre à la globalisation». Par ailleurs, et cela vaut principalement pour l’occident, nous subirions sans en avoir conscience «deux types de carences cognitives». Il s’agit d’une part «des cécités d’un mode de connaissance qui, compartimentant les savoirs désintègre les problèmes fondamentaux et globaux», alors que ceux-ci requièrent pourtant «une connaissance transdisciplinaire». Il s’agit d’autre part de «l’occidentalo-centrisme qui nous juche sur le trône de la rationalité et nous donne l’illusion de posséder l’universel» (p.17).

Toutefois, cette crasse ignorance des ressorts du monde actuel ne tient pas Edgar Morin en échec, loin s’en faut. Animé d’un «irrépressible sentiment de compassion» pour l’humanité, le philosophe se fonde sur la culture française pour esquisser la voie à suivre afin de surmonter les mille périls vers lesquels l’humanité se dirige actuellement. Se référant d’abord aux «heurs et malheurs» de l’histoire de France ainsi qu’à «ses désastres et résurrections», l’auteur poursuit en invoquant l’universalisme de «la culture française (…) de Montaigne à Montesquieu, de Voltaire à Diderot, de Rousseau à Hugo» (p.9).

Au fil des pages, Edgar Morin suggère un certain nombre de mesures à mettre en œuvre tant au niveau mondial qu’au plan national. Ainsi, il évoque par exemple la possible mise en place d’une gouvernance mondiale confédérale pour l’élaboration de normes économiques et écologiques, l’instauration d’un tribunal mondial de l’eau, la création de banques solidaires, l’octroi de droits aux immigrés, l’humanisation des prisons, etc.

«Ce qu’on peut espérer, conclut E. Morin, c’est non plus le meilleur des mondes, mais un monde meilleur». Pour ce faire, les réformes «s’appellent les unes les autres». Elles sont «interdépendantes» et «solidaires». Elles contribueraient à la régénération du monde humain. «Tout est à réformer et à transformer». Il faut donc travailler «à diagnostiquer, à transformer» et «à relier» (p.297). Telle est la voie du salut de l’humanité.

Jean-Pierre Fourmont
( Mis en ligne le 02/03/2011 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)