L'actualité du livre
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Vies de mafia
de Henri Haget et Delphine Saubaber
Stock - Les documents 2011 /  19 €- 124.45  ffr. / 258 pages
ISBN : 978-2-234-06458-4
FORMAT : 13,5cm x 21,5cm

La Calabre, c’est «la fin du monde»

«Des homicides, j’en ai fait beaucoup… De 1980 à 1987, j’en ai fait beaucoup… Je me souviens de la plus grande partie. Je n’ai jamais décidé de tuer quelqu’un de moi-même. Je n’ai jamais tué quelqu’un au motif qu’il m’avait offensé. J’ai toujours tué, seulement et exclusivement, pour Cosa Nostra…». L’auteur de ces quelques propos n’est autre qu’un tueur repenti. Il s’appelle Francesco Paolo Anzelmo et, dans une autre vie, il a appartenu au premier cercle des tueurs de la mafia sicilienne.

Aujourd’hui, Francesco Paolo Anzelmo vit loin de son île natale. Il s’est en effet retiré des «affaires». Il vit sous une nouvelle identité, avec dieu pour unique confident. Dernièrement, il a rompu le silence pour s’entretenir avec Delphine Saubaber et Henri Haget, grands reporters du magazine L’Express. A partir d’une douzaine d’entretiens, les deux journalistes ont rédigé l’ouvrage Vies de mafia, paru cette année aux éditions Stock.

Dans ce livre à la fois éclairant et passionnant, Delphine Saubaber et Henri Haget ont choisi de faire vivre la mafia à hauteur d’homme. Pour ce faire, à mi-chemin entre le journalisme et la nouvelle, ils retracent les trajectoires de témoins directs de la mafia. Poignantes, ces histoires plongent le lecteur dans le sombre univers de la mythique mafia mère, c'est-à-dire la Cosa Nostra, ainsi que de la plus puissante mafia d’Europe, la ‘Ndrangheta calabraise.

Chacune de ces histoires est captivante et permet de découvrir plus avant les affres de la mafia. La première histoire, par exemple, concerne Francesco Paolo Anzelmo. Ce tueur repenti se présente comme «un homme d’honneur». Tout jeune, son oncle introduit dans le milieu s’évertuait notamment à lui faire comprendre qu’il était plus opportun d’être homme d’honneur que policier. Régulièrement, son oncle s’échinait à lui faire subir une véritable pression psychologique. L’entreprise de l’oncle finit par réussir. Finalement, vint en effet la cérémonie de l’affiliation… Au cours de sa triste «carrière», Francesco avoue avoir toujours eu peur, bien qu’il ait tué plus d’une centaine de personnes. Il explique avoir dû tuer son oncle, le même qui l’avait incité à rejoindre les rangs de la mafia, parce que celui-ci avait collaboré avec la justice.

Le deuxième témoignage a quant à lui trait à la puissante et redoutable ‘Ndrangheta calabraise. La Calabre, apprend-on, c’est «la fin du monde». On y trouve des individus très divers et les ramifications de l’organisation sont aussi nombreuses qu’étendues. Il y a peu, l’Allemagne et plus spécialement Duisbourg furent d’ailleurs le théâtre d’un sanglant règlement de comptes. Parmi les témoignages recueillis par les deux auteurs, il y a celui d’un prêtre criant son indignation vis-à-vis de la mafia. Cette dernière le lui rend bien et tente de le faire taire par tous les moyens… Delphine Saubaber et Henri Haget se sont par ailleurs entretenus avec les forces de l’ordre spécialisées dans la périlleuse traque des mafieux.

Au fil de ces douze histoires troublantes se brosse ainsi le portrait noir de la mafia.

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 16/11/2011 )
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