L'actualité du livre
Essais & documentset Questions de société et d'actualité  

Le Bûcher des vaniteux 2
de Eric Zemmour
Albin Michel 2013 /  20,90 €- 136.9  ffr. / 326 pages
ISBN : 978-2-226-24541-0
FORMAT : 14,5 cm × 22,5 cm

Aimez-vous Zemmour ?...

Ce second volume des chroniques d’Eric Zemmour dans l’émission Z comme Zemmour sur RTL est fidèle au premier. On retrouve le style incisif, l’analyse en quelques mots de situations fort complexes et l’angle de vue qui, évidemment, ne doit pas plaire à tout le monde. Que l’on soit d’accord ou non avec ce qu’il écrit, le chroniqueur offre une voix qui mérite d’être entendue ; il est dangereux que certains veuillent soit le censurer, soit qu’on ne l’entende plus. Dans une démocratie, il suffit de contre-argumenter et non d’éliminer...

Zemmour aborde un grand nombre de sujets et il faut reconnaître que non seulement l’homme est cultivé mais qu’il possède une maîtrise des questions abordées. Tout y passe ou presque : politiques française et internationale, sports, culture, faits d’actualité, économie, opinion, etc. Une chronique par jour quasiment, sur deux pages avec une concision fruit d'un travail rigoureux et ciselé, dans la grande tradition littéraire française.

Les idées d’Eric Zemmour sont connues et personne ne s'étonnera donc qu’il s’en prenne par exemple au mariage homosexuel ou à la théorie du genre, s’opposant ainsi à ceux qui sont sans cesse, dit-il, «en lutte  contre les discriminations». Il est cependant difficile de classer politiquement Eric Zemmour car il n’épargne personne, de Marine Le Pen à François Hollande en passant par Nicolas Sarkozy et autres responsables politiques. Comme d’autres penseurs avant lui, il met en cause les sujets sociétaux pointés sans arrêt du doigt pour masquer l’impuissance du politique à changer réellement de société tout en allant dans le sens du marché économique. D'où ces références à un monde ancien (réactionnaire, obsolète, ''fasciste'') contre ceux voulant faire adhérer l’individu au monde ''cool'' et flexible contemporain.

Zemmour s’insurge surtout contre cette tentation d’éradiquer tout ce qui dérange, comme dans la chronique intitulée ''Les Mots interdits'' qui dénonce la croyance selon laquelle la barbarie serait d’un autre siècle et que nous irions vers un monde plus différencié. Il s’attaque par exemple au fait qu’on veuille supprimer le mot «race» alors qu’on a massacré au nom de la religion, de la nation, de l’égalité, de la lutte des classes mais que ces notions-là ne sont pas ostracisées. «Mais s’il n’y a plus de race, comment interdire les discriminations selon les races ; il n’y aura plus de racistes puisqu’il n’y aura plus de races», écrit-il logiquement. Et donc plus d’antiracistes par la même occasion. Remplacer le mot race par celui d'ethnie reviendrait au même problème... C’est cette dimension purificatrice qui énerve grandement Eric Zemmour, comme si brusquement tout le monde était magiquement égal, en plus de retirer la relation dialectique que l’homme entretient avec le mal.

Dans le même ordre d’idées, Il s’en prend au lynchage médiatique qu’a subi Christian Vanneste quand ce dernier a déclaré qu’aucun homosexuel français n’avait été déporté dans les camps de concentration allemands à cause de son orientation sexuelle. Il fut exclu de l’UMP. Eric Zemmour cite le film de Luchino Visconti, Les Damnés, qui montre les SA, premiers soutiens paramilitaires d’Hitler, se faire massacrer par les SS au terme d’une nuit d’orgie homosexuelle, et rappelle le nom d’Abel Bonnard, ministre de l’Education nationale sous Pétain, que l’on surnommait ''Gestapette''. Le plus absurde dans cette histoire fut quand Serge Klarsfeld, historien qui a consacré sa vie à l’étude des camps de concentration et à la chasse aux nazis, confirma les propos de Christian Vanneste. Et tout rentra dans l'ordre...

Voilà la teneur de ces chroniques qui abordent l’actualité d’une façon décapante ou dérangeante. Cet éclairage n’est pas inutile pour remettre certaines choses à leur place, du moins donner un son de cloche différent à ce qu’on entend habituellement...

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 15/04/2013 )
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