L'actualité du livre
Essais & documentset Questions de société et d'actualité  

A gauche en sortant de l'hypermarché
de Clémentine Autain
Grasset 2020 /  14,90 €- 97.6  ffr. / 180 pages
ISBN : 978-2-246-82523-4
FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm

Time is money

Après Dites lui que je l’aime, émouvant témoignage sur sa mère, l’actrice Dominique Laffin, Clémentine Autain, députée de la France Insoumise, étudie les mécanismes du modèle économique, social et politique des grandes surfaces de son département, la Seine Saint Denis, et milite pour une économie à taille humaine.

Elle part de sa propre expérience : «Le temple de la consommation absorbe le porte-monnaie et l’énergie libidinale pour les tourner vers l’acte d’achat (…). Dans cette course à la possession illimitée, il véhicule et matérialise les valeurs d’une société adossée à la loi du profit et courant à sa perte». Les grandes surfaces sont un modèle qu’elle combat mais elle ne peut s’empêcher d’y aller par nécessité de temps et de commodité. L’hypermarché est un concentré de tous les maux du capitalisme moderne, révélateur des inégalités sociales qui se cristallisent sur le statut des caissières qui font ce choix professionnel souvent contraintes : étudiante ayant besoin d’un job à temps partiel pour payer ses études, mère de famille seule, sans diplôme, qui a absolument besoin d’un salaire, chômeuse de longue durée. Le seul point positif est que, souvent, il s’agit d’un CDI, donnée qui masque une précarité économique réelle. Dans un contexte de chômage important, les candidatures sont nombreuses. Les employées sont souvent confondues avec l’objet qu’est la caisse par des clients agressifs. Le contact humain est réduit, souvent supprimé, contrairement aux commerces de proximité.

A quelle logique sanitaire répond l’ouverture de ces grands espaces bondés et climatisés ? Ce modèle épuise l’écosystème. Selon Clémentine Autain, fidèle à ses convictions, on ne mesure pas assez les effets dramatiques de ce choix assumé qui ne peut plus supporter le gaspillage de tant de denrées et des emballages, devenus inutiles, par toutes les politiques publiques depuis des décennies et plus encore en période de confinement. Le problème politique, pour l’auteure, est le suivant : cette option protège de façon dogmatique le modèle néolibéral dans lequel les entreprises sont libres, au mépris de la justice sociale. Le gouvernement soutient les plus grands comme Carrefour ou Auchan, pour l’accumulation du capital au détriment des salaires. Faire primer l’hypermarché, c’est favoriser le superflu qui permet un accroissement anormal du capital. 

«Au final, le profit se fait sur le dos des travailleurs, des agriculteurs et des consommateurs. Il en découle une mauvaise alimentation (…). Mais des géants jouent en bourse avec les instances dites démocratiques ne jouent par leur rôle pour réglementer et partager ce qui devrait l’être». La députée de la France Insoumise milite pour un commerce à échelle humaine contre un modèle destructeur, démesuré, et inutile. Elle s’appuie sur de nombreuses données économiques. Mais est-ce que l'opinion publique est prête pour ce changement radical ?

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 30/11/2020 )
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