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La Langue française face à la mondialisation
de Yves Montenay
Les Belles Lettres 2005 /  19 €- 124.45  ffr. / 321 pages
ISBN : 2-251-44291-X
FORMAT : 13x21 cm

Défense et illustration de la langue française

Comment se porte la langue française dans le monde ? Telle est la question que se pose Yves Montenay, enseignant à l’ESCP-EAP, dans son dernier ouvrage, La Langue française face à la mondialisation, qui paraît aux Belles Lettres. De nombreuses thématiques y sont abordées. Si les pages traitant de l’histoire de la diffusion du français ou de l’actuelle répartition des francophones dans le monde sont purement descriptives et n’apportent finalement pas grand-chose de neuf, en revanche l’éclairage porté sur l’influence grandissante de l’anglais est tout à fait intéressant. Il en va de même de la fin de l’ouvrage qui permet au non-initié de s’orienter au sein de cet édifice complexe qu’est devenue la francophonie institutionnelle.

Plus qu’une étude, l’ouvrage d’Yves Montenay est un essai, tour à tour pamphlet et plaidoyer. Ainsi, au moment de traiter de la francophonie institutionnelle, l’auteur n’hésite pas ici à s’engager et à évaluer l’efficacité respective des différents organismes, publics et privés, en charge de la promotion et de l’enseignement de la langue française à l’étranger. Si le constat est sévère, notamment pour ces institutions publiques que sont les centres culturels, le jugement de l’auteur n’en apparaît pas moins, sur ce point, sûr et étayé.

Il n’en va hélas pas ainsi tout au long du livre. En effet, si le projet de l’auteur semble tout à fait louable, sa démarche est plus contestable : le corpus des sources n’est pas clairement défini et semble somme toute un peu maigre. L’auteur fait ainsi très fréquemment référence à son expérience personnelle, quitte à basculer dans le narcissisme. Lorsque ce n’est pas sur son expérience, l’auteur s’appuie sur des témoignages d’acteurs, trop succinctement présentés et sans préciser les conditions dans lesquelles ont été recueillis leur propos. Autre source fréquemment utilisée, les articles de journaux, exploités, usés jusqu’à la corde. Enfin les notes de bas de page sont souvent trop imprécises voire énigmatiques ou hors sujet, telle la note cinq de la page 42. Evoquant «l’irresponsabilité par ignorance de beaucoup d’intellectuels qui forts de leur compétence, disons en chimie ou en sociologie, contribuent à des catastrophes en économie ou en politique», Yves Montenay ajoute en note «Pour la chimie, je pense à un prix Nobel arabe ; pour la sociologie, à beaucoup de Parisiens». De tels règlements de compte éloignent fortement du sujet et prouvent, si besoin en était, que La langue française face à la mondialisation, ne se situe vraiment pas dans le champ des études mais bien dans celui des pamphlets écrits au fil de la plume.

Plus que le style, les coquilles et autres fautes d’accord un peu gênantes en raison du sujet, c’est la foi du combattant de la francophonie qui importe ici et le message qu’il délivre : l’anglais, ou plutôt sa version abâtardie à usage mondial, menace le français jusque dans les contrées où celui-ci est traditionnellement solidement établi : en Afrique francophone, mais aussi en France même où de nombreuses entreprises incitent - quand elles ne forcent pas - leurs employés à travailler en anglais, au mépris de leur culture et quitte à restreindre leur capacité d’expression. Appel à la vigilance, l’ouvrage d’Yves Montenay souligne aussi les raisons d’espérer en mettant en lumière les progrès à venir du français en Asie et en Amérique latine, terres traditionnellement peu propices à son épanouissement.

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 01/08/2005 )
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