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Essais & documentset Psychologie  

Souvenirs d'anorexie - Dialogue entre une mère et sa fille
de Antoine Bioy , Claire Philippe et Marie Philippe
K&B 2006 /  18.00 €- 117.9  ffr. / 189 pages
ISBN : 2-915957-05-3
FORMAT : 15x21 cm

Préface de Patrick Poivre d'Arvor

L'auteur du compte-rendu : Geneviève Djénati est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Le Prince charmant et le héros (L’Archipel, 2004) et Psychanalyse des dessins animés (Pocket, 2004)


Un éclairage novateur sur une maladie infernale

« On ne peut comprendre l’anorexie que dans le discours de ceux qui l’ont vécu », annonce Antoine Bioy dans l’introduction de son recueil d’entretiens qu’il a menés avec Claire, une jeune femme « sortie de l’anorexie » depuis 3 ans et Marie, sa mère. Elles ont toutes deux connu et vécu les souffrances liées à l’anorexie et en témoignent dans cet ouvrage. Claire est devenue anorexique à 18 ans et l’a été pendant dix ans. Marie a alors affronté la maladie de sa fille et n’a jamais lâché prise, au point d’avoir encore, malgré la guérison, beaucoup de mal à ne pas conserver un contrôle sur sa fille. Elles témoignent, dans des entretiens avec Antoine Bioy – docteur en psychologie et psychologue clinicien – de cette maladie « infernale » à tous points de vue, qui détruit aussi bien le corps (Claire a pesé jusqu’à 27 kilos) que l’esprit et transforme les relations avec l’entourage et en particulier les relations mère-fille de façon indéniable.

Après une présentation des protagonistes et du cadre des entretiens, l’ouvrage est construit en deux parties : « L’anorexie de Claire », qui comporte trois entretiens entre la jeune femme et le psychologue, croisés avec des encadrés qui résument le point de vue de Marie sur les grands thèmes abordés par sa fille. « Une mère et sa fille » rapporte deux entretiens conjoints entre la mère et la fille, qui reprennent les sujets sur lesquels elles ont antérieurement exprimé des points de vue différents. La présence d’Antoine Bioy en tierce personne, jamais intrusive, leur permet d’échanger sur un ton chargé d’émotions. Les questionnements, les requêtes, les souvenirs, les projets affluent et parfois se télescopent, le «nous» se substituant parfois au «je», montrant combien il est difficile malgré toute la bienveillance, d’accéder dans les deux cas à la liberté d’être soi et de ne pas céder à la tentation de s’agripper à l’autre. Les craintes de Claire et de Marie entrent en résonance, tout comme le devoir et la culpabilité, le plein et le vide, le passé et l’avenir…

Claire et Marie nous donnent à entendre et à se représenter une reconstruction profondément humaine de « leur » anorexie. Loin du discours médical, auquel il est d’ailleurs très peu fait allusion, mère et fille font là un témoignage généreux, authentique, bouleversant et très utile de leur parcours contre la maladie. L’évolution de leur relation qui transparaît au fil des deux derniers entretiens signe, au-delà des émotions parfois pénibles, la volonté pour chacune d’elles de risquer « la vie en plus ».

Geneviève Djénati
( Mis en ligne le 31/05/2006 )
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