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Essais & documentset Psychologie  

Stress et burnout au travail - Identifier, prévenir, guérir
de Elisabeth Grébot
Eyrolles 2008 /  22 €- 144.1  ffr. / 234 pages
ISBN : 978-2-212-54014-7
FORMAT : 15,0cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu : Mathilde Rembert travaille dans le domaine de la formation professionnelle continue.

Ca brûle !

D’où vient le stress ? Où mène-t-il ? Comment le prévenir et le guérir ? La psychologue et universitaire Elisabeth Grébot tente de répondre à ces questions dans cet ouvrage très pratique qui s’adresse plus à des non-spécialistes, recherchant des solutions concrètes (elle propose d’ailleurs 26 grilles d’auto-évaluation du stress et de ses conséquences) qu’à des universitaires.

L’auteure commence à rappeler ce qu’on oublie souvent, à savoir que le stress n’est pas à la base nécessairement mauvais. Elle précise le type d’évènements qui sont à l’origine du stress et les facteurs qui font varier notre vulnérabilité. C’est lorsqu’il dépasse une certaine limite que le stress peut avoir des conséquences graves. Au travail, on pense bien sûr en premier lieu au burnout. Ce concept a été théorisé par un psychiatre, Freudenberger, qui dans les années 70 s’est intéressé à des jeunes investis dans le travail social. Au bout de plusieurs mois, ces personnes se plaignaient de maux de tête et de ventre, de troubles du sommeil, de fatigue, et faisaient preuve d’irritabilité. Le burnout est en effet marqué par l’épuisement émotionnel (la personne se sent vidée), la dépersonnalisation (le professionnel devient cynique envers son public) et au final l’échec de l’accomplissement personnel («mon métier ne sert à rien, j’ai tout raté…»). Le burnout toucherait aujourd’hui tous les secteurs professionnels et plus seulement ceux où les professionnels apportent une aide à autrui (travail social, médecine, enseignement...).

Elisabeth Grébot voit dans le harcèlement moral une autre conséquence possible de stress au travail. Elle distingue un harcèlement moral institutionnel (c’est-à-dire inclus dans une stratégie de gestion du personnel), le harcèlement professionnel (pour éviter un licenciement économique, on pousse le salarié à la faute), le harcèlement transversal (il y a un malaise dans le groupe qui désigne un bouc émissaire) et enfin le harcèlement individuel (l’œuvre notamment du pervers narcissique, qui a été souvent dépeint dans les ouvrages récents, comme ceux d’Hirigoyen). Les personnes qui risquent d’être victimes de harcèlement moral sont plutôt des femmes et/ou des jeunes. Les salariés un peu hors-normes ou très investis dans leur travail sont aussi souvent concernés.

Les solutions proposées par l’auteur pour lutter contre le stress relèvent à la fois de l’organisation de travail et de l’individu, car si elle est psychologue, Elisabeth Grébot ne cède pas pour autant au psychologisme ambiant (réduire les problématiques sociales à des problématiques intra personnelles).

Il est cependant regrettable que l’auteure de cet ouvrage sérieux et bien documenté, participe à la guéguerre actuellement en vogue contre la psychanalyse, au détour d’une petite phrase : «aujourd’hui, une nouvelle génération de psychologues a détrôné les élèves de Freud et pratique des méthodes pragmatiques, concrètes, soucieuses d’efficacité et d’évaluation». Comme si plusieurs courants différents - psychanalyse, cognitivisme, comportementalisme… - ne pouvaient pas co-exister dans le champ de la psychologie, apportant des éclairages variés sur un même sujet. A la lecture des ouvrages de Christophe Dejours, on a du mal à croire que la psychanalyse n’ait plus rien à dire d’intéressant sur le travail !

Mathilde Rembert
( Mis en ligne le 11/04/2008 )
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