L'actualité du livre
  

Le Courage de décider
de Jean-Pierre Chevènement
Robert Laffont 2002 /  16 €- 104.8  ffr. / 208 pages
ISBN : 2-221-09491-3

Le troisième homme

Jean-Pierre Chevènement est un auteur expérimenté. Le Courage de décider est son quatorzième livre. Le style est alerte, le propos concis et structuré. Avant d’expliquer pourquoi il est candidat à la présidence de la République, et avec quel programme, il dresse un portrait de lui-même, de son parcours, de ses convictions.

« La République reste pour moi une idée neuve » écrit-il d’emblée en dénonçant aussitôt la crise actuelle de la démocratie. Gaulliste de gauche à vingt ans, officier en Algérie à la sortie de l’ENA, il adhère à la SFIO en 1964, participe à la campagne présidentielle de 1965 au côté de François Mitterrand et crée son propre mouvement, le CERES, en 1966. Après 1968, un coup dur pour la gauche – « la révolution des cancres », s’est exclamé François Mitterrand -, le CERES invente le logo qui servira plus tard au Parti Socialiste et rallie le mitterrandisme au congrès d’Epinay.

Responsable à deux reprises, en 1972 et 1979, du programme de la gauche, Jean-Pierre Chevènement devient ministre d’Etat en 1981, à quarante ans. De la Recherche à l’Intérieur, il occupera dix ans durant, sur les vingt qui suivent, un fauteuil de ministre, et démissionnera trois fois pour marquer son désaccord avec la politique du gouvernement. Homme de caractère, homme de convictions : le franc fort a coûté à la France un million et demi de chômeurs, la croisade contre l’Irak était contraire à notre politique étrangère, quant à la politique gouvernementale en Corse, elle constitue « un grave coup porté à l’Etat ».

Bien sûr, le candidat Chevènement dresse un bilan flatteur de son action ministérielle, à la Recherche, à l’Education, à la Défense, à l’Intérieur : « j’ai toujours d’abord servi le pays. » Sa candidature, il la justifie d’une question : « entre la République et la loi de la jungle, il faut savoir ce qui est moderne ou pas. Voilà la question que je pose au peuple français. » En quinze chapitres brefs et incisifs, il développe ensuite les axes forts de son programme.

D’abord, le retour aux valeurs et aux principes de la République : autorité de la loi, souveraineté populaire, citoyenneté, laïcité, égalité des chances. L’Ecole vient au premier rang de ses priorités, parce qu’elle transmet le savoir et la culture, parce qu’elle forme le jugement : « c’est sur elle qu’il faut fonder l’effort de renouveau républicain. » Sur la sécurité, un droit qui doit devenir une réalité, le candidat est favorable à la révision de l’ordonnance de 1945 et à la création d’un service national de dix semaines. Sur le travail, qu’il faut réhabiliter, il prône la progression du salaire direct et la mise en oeuvre d’une TVA sociale, pour moins peser sur les salaires. Sur l’entreprise, il propose un cadre stable permettant de créer un maximum de richesse et donc d’emplois qualifiés. « Pas de politique sociale généreuse en dehors d’une économie dynamique. » La réforme de l’Etat est aussi un chantier capital, avec deux principes fondamentaux : simplifier la loi, faire des services publics performants. En trois pages sur l’Europe, tout est dit : réformer la banque centrale pour qu’elle soutienne la croissance et assouplir le pacte budgétaire.

Au-delà du programme, c’est le ton qui retient l’attention, la lisibilité des propositions, la simplicité, le bon sens qui fleure le « plus près de chez vous ». Et puis l’histoire : Jean-Pierre Chevènement se situe dans le courant historique. Ses références à De Gaulle sont fréquentes. Il explique son attachement à la Nation, comme valeur repère. Et, comme le Général, il rassemble : « A aucun je ne demande d’où il vient. L’essentiel est la direction dans laquelle nous voulons aller ensemble pour refonder la République. » L’Elysée, c’est bien connu, est au-dessus des partis !

François de Valence
( Mis en ligne le 11/02/2002 )
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