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Trésor rouge
de Julien Pfyffer
Editions-dialogues.fr 2011 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 197 pages
ISBN : 978-2-918135-29-6
FORMAT : 13,7cm x 21cm

Les Madoff de la mer

2009, Monaco met le feu aux poudres en souhaitant faire inscrire le Thon rouge sur la liste des espèces en voie de disparition.

2010, Doha au Qatar. Malgré ses promesses de peser de tout son poids, le Président Sarkozy fait volte-face et la proposition d’inscrire le thon rouge sur la liste des animaux en voie de disparition n’est pas votée à la CITES ; pendant 12 jours, des émissaires ont œuvré dans les coulisses de l’assemblée… ils venaient du Japon.

2011, Tokyo. Un thon rouge de 342 kilos est vendu 298000 €.

Trésor rouge est le résultat d’une enquête approfondie et passionnante menée par l’agence de Julien Pfyffer, Océan 71, dont un des mérites et pas des moindres est d’avoir aussi donné la parole aux industriels et pêcheurs, les senneurs. Étape par étape, Océan 71 plonge au cœur du système. Le lecteur est entraîné dans un véritable thriller où «argent, technologie, logistique, géographie, fraudes et opportunisme rendent l’histoire bien plus complexe tant les ramifications sont nombreuses autour du thon rouge». A travers cette étude, passionnante il faut bien l’avouer, le grand public découvre le monde opaque de l’industrie du thon rouge qui génère des sommes colossales via les fermes d’engraissement.

Ces fermes récupèrent le thon rouge capturé en Méditerranée et dans les eaux libyennes par les thoniers français et espagnols. Pour mieux le vendre, il est engraissé par du «poisson fourrage» de première qualité provenant du Maroc, de Mauritanie et de Hollande. Juste avant l’abattage, ce fourrage est remplacé par du hareng de la mer du Nord afin que la chair du thon rouge corresponde en tous points à la «macdonalisation» des sushis dans le monde. Pour répondre à la demande des japonais et alimenter plusieurs années de stocks de surcongélation (à – 60°), les palangriers continuent d’écumer les mers.

Conscient que les interviews relatent toujours les mêmes avis de représentants d’ONG ou de Thoniers, que les chiffres ne coïncident pas, que les Ministres s’appuient sur des informations discordantes, que les médias passent en boucle les affres de Greenpeace ou d’autres ONG, Océan 71 enquête ainsi scrupuleusement, méthodiquement et de manière impartiale, avec un seul objectif : informer honnêtement.

La parole est donnée aux hommes de mer, ces patrons-pêcheurs d’ordinaire peu enclins aux causeries mais qui livrent dans cet ouvrage leur version et leur écœurement aussi. Au Canada, à l’Université de Vancouver, un des plus éminents spécialistes des ressources halieutiques parle et d’autres scientifiques livrent leur conclusion à l’abri du tintamarre médiatique, orienté et organisé.

Est-ce que les rapports scientifiques vont permettre de faire le lien entre «rendement économique, surcapitalisation des flottes de pêche et danger environnemental» ? Quel serait un juste arbitrage ?...

Marie-Claude Bernard
( Mis en ligne le 07/10/2011 )
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