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Trouble dans le genre - Pour un féminisme de la subversion
de Judith Butler
La Découverte 2005 /  23 €- 150.65  ffr. / 283 pages
ISBN : 2-7071-4237-9
FORMAT : 14x22 cm

L'auteur du compte rendu: titulaire d’une maîtrise de Psychologie Sociale (Paris X-Nanterre), Mathilde Rembert est conseillère d’Orientation-Psychologue de l’Education Nationale.

De quel genre?

«Enfin !», se diront certains. Enfin une traduction en français de Gender trouble, bible de la théorie du genre et de la théorie queer. Jusqu’à présent, elle n’était accessible qu’aux lecteurs anglophones. Depuis quinze ans, elle était commentée en long et en large par des auteurs comme Didier Eribon (Hérésies, Fayard, 2003), Marie-Hélène Bourcier (Sexpolitiques, Queer Zones 2, La Fabrique Editions, 2005) ou Eric Fassin (Liberté, égalité, sexualités, Belfond, 2003).

Judith Butler enseigne la rhétorique et la littérature comparée à l’université de Berkeley. Dans son ouvrage de 1990, elle propose de penser le trouble qui perturbe le genre (d’où le titre) pour définir une politique féministe qui ne se baserait pas sur une identité stable (en l’occurrence, la catégorie «femmes»). Dès cette époque, Gender Trouble connaît un grand succès non seulement dans un mouvement féministe né dans les années 70 (qu’il critiquait) mais aussi dans le mouvement queer émergent.

Il est d’autant plus ironique d’avoir dû attendre quinze ans pour lire une traduction que Butler se basait, à l’époque, sur des auteurs français : les psychanalystes Jacques Lacan, Julia Kristeva et Luce Irigaray ; l’anthropologue Claude Lévi-Strauss ; les philosophes Simone de Beauvoir et Monique Wittig.

Cette traduction en français ne fait pas pour autant de Trouble dans le genre un ouvrage accessible au grand public. Dans sa préface de 14 pages, le sociologue Eric Fassin fait certes preuve, comme à son habitude, de clarté ; mais la plongée dans le texte de Judith Butler en lui-même est difficile. Le lecteur le pressent dès les notes sur la traduction, où Cynthia Kraus, philosophe de l’université de Lausanne, tente de justifier ses choix de termes (comment traduire le mystérieux «agency» ? bigre…).

Suivent alors les deux introductions de Butler, celle de 1999, dans laquelle elle réagit à l’accueil de son ouvrage, et la toute première, celle de 1990, ce qui oblige le lecteur à un petit travail de vision rétrospective. Le corps de l’ouvrage est composé de trois chapitres : «sujets de sexe/genre/désir», «prohibition, psychanalyse et production de la matrice hétérosexuelle» et «actes corporels subversifs».

Cet essai s’adresse donc à des personnes déjà familiarisées avec la philosophie et les théories féministe et queer. Les débutants préfèreront des ouvrages plus simples, comme par exemple celui de Georges-Claude Guilbert (C’est pour un garçon ou pour une fille ?, Autrement, 2004).

Mathilde Rembert
( Mis en ligne le 08/06/2005 )
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