L'actualité du livre
Documentaireset Culturel  


''Elevage concentrationnaire'', dit-il
de Jean-Louis Le Tacon
Editions Montparnasse 2011 /  2.9 € - 18.99 ffr.
Durée DVD 100 mn.
Durée film 37 mn.
Classification : Tous publics
Sortie Cinéma, Pays : France, 1979
Sortie DVD : 4 Janvier 2011

Version : 1 DVD-5, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.33
Format image : Couleurs, 4/3
Format audio : Français 2.0 mono
Sous-titres : Aucun


Bonus :
- Bretonneries pour Kodachrom
Jean-Louis Le Tacon, 1974, Super 8, couleur, 13 min.
Quand on ne peut s’offrir un safari photo au Kenya, rien de tel que de filmer en Super 8 les us et coutumes de la Bretagne. Une satire grinçante de la société du spectacle, réalisée par Jean-Louis Le Tacon.

- L’Homme-cochon, 20 ans plus tard
Jean-Louis Le Tacon, 2000, vidéo, 11 min.
Jean-Louis Le Tacon retrouve Maxime Duchemin dans les ruines de sa porcherie, dévorée par les ronces et les orties. Vingt ans après, qu’est devenue sa vie ?

- De l’art et du cochon
Patrick Leboutte, Jean-Louis Le Tacon, 2010, DVCam, 39 min.
Lors d’un atelier à l’EESI de Poitiers, Jean-Louis Le Tacon invite l’essayiste Patrick Leboutte à commenter avec lui Cochon qui s’en dédit.

L’auteur du compte rendu : Benoît Pupier, est réalisateur de documentaires Marcel Poulet, un peintre d’ocre en son pays est son dernier film (http://marcelpoulet.free.fr/).


L'homme c'est Maxime, éleveur de porcs en Bretagne. Il y a 30 ans. Jean-Louis Le Tacon filme en Super 8 et enregistre les commentaires de Maxime sur un magnétophone.

Plus besoin de terres pour élever des bêtes, c'est un élevage hors sol, industriel, monstrueux. Les bêtes sont parquées. Elles n'ont pas d'autodéfense. Il faut leur injecter antibiotiques, minéraux, vitamines. Saillie, sevrage, sélection, rendement. Cinq, six portées et la truie termine à l'abattoir ou à l'équarrissage. La merde déborde. L'homme à peau de porc est broyé par la machine de mort du Capital. Les visites techniques sont impitoyables, l'emprunt bancaire écrasant. Obsession de la merde. Obsession de révolte. Élevage qui explose. Étreintes porcines. Maxime nomme ses fantasmes inavouables. C'est un «élevage concentrationnaire», dit-il. Des scènes oniriques organisent la collision. Maxime pousse la merde, balaie, lave avec un jet sous pression pour chasser moisissures, germes, vérole. Il castre les nouveaux nés. Il coupe les dents et les queues pour éviter les cas de cannibalisme. Solitude et misère de l'homme à peau de porc, qui ne peut même plus se défaire de l'odeur.

Jean-Louis Le Tacon s'inscrit en 1979 dans la lignée de Jean Rouch, de l'anthropologie partagée et des films militants des années 68. L'éleveur, obsédé par son travail, participe à la fabrication du film. A partir des propos enregistrés, Le Tacon propose des scènes que Maxime discute avant de les jouer ou des les vivre pour des glissements oniriques. Le cinéaste explique le dispositif dans De l'art ou du cochon, dialogue avec Patrick Leboutte, essayiste. Mais pour que ces scènes puissent avoir lieu, pour créer la collision avec un monde imaginaire, Le Tacon a d'abord filmé le geste de l'éleveur avec une précision méticuleuse, descriptive. C'est de cette densité du réel (corps souillé, cadavres pestiférés, élevage industriel et blême...) que nait la sensation de malaise. Filmer ce qui arrive, mais aller au-delà des apparences. Une danse bretonne, un visage féminin. Et Maxime, l'homme-cochon, victime et tortionnaire.

L'Homme-cochon, 20 ans plus tard : en 2000, Jean-Louis Le Tacon accompagne Maxime Duchemin dans les ruines de sa porcherie. Quelle est sa vie ? Des ronces ont envahi le lieu, comme un cancer...

Benoît Pupier
( Mis en ligne le 18/02/2011 )
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