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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Serge Mestre La Lumière et l’oubli Denoël 2009 / 19 € - 124.45 ffr. / 380 pages ISBN : 978-2207261439 FORMAT : 14cm x 20cm Imprimer
Esther et Julia sont deux jeunes filles réchappées de la guerre dEspagne et des débuts du régime franquiste. Lune a été enfermée encore enfant dans une prison pour femmes tenue par des religieuses tandis que lautre a vécu depuis sa naissance dans une riche famille, soutien du régime. Elles se retrouvent toutes deux adolescentes en fuite et trouvent refuge dans le sud de la France. On les retrouve au cours du roman quelques décennies plus tard, tentant de se guérir des traumatismes vécus dans leur jeunesse.
Serge Mestre tente de décrire les horreurs de la répression franquiste, sa machine à broyer les êtres humains en condamnant lEglise ou bien la bourgeoisie fortunée. Mais son récit perd en crédibilité à vouloir dénoncer toujours avec une virulence égale le rôle de certaines congrégations religieuses, bras armé du franquisme, ou bien les accointances troubles de grandes familles satisfaites de leur richesse et de leurs positions sociales parfois nouvellement acquises. Seulement, la charge sans cesse répétée finit par perdre de sa force quand lauteur décrit avec complaisance les agissements lubriques de certaines religieuses sur des jeunes filles innocentes n'ayant pour seul crime que dêtre des filles de «rouge». Et elle frise la caricature avec le portrait type du prêtre éructant la haine, crachant sans cesse discours de propagande et condamnations sans appel, et qui se révèle être un proche de Franco et un violeur de filles de rouges.
Outre le récit désespéré de la jeunesse dramatique des deux jeunes filles, le roman se prolonge avec la quête de vérité des deux héroïnes devenues femmes dâge mûr et connaît un dénouement pour le moins inattendu où les coïncidences succèdent aux coups de théâtre. Mais on a de la peine à sattacher à des personnages ainsi quà un récit qui, à vouloir condamner trop unanimement, ne sembarrasse guère de vraisemblance et utilise la caricature comme un procédé argumentatif.
Ce roman engagé contre les drames provoqués par le franquisme, parce quil décrit une idéologie nauséabonde jusquà lécurement et des servants répugnants jusquà la caricature, rate en grande partie son but en mettant en scène situations et personnages qui ne prennent jamais vraiment vie. Si le sujet justifie une certaine gravité, les intentions de lauteur sont si évidentes que le récit perd en force vitale, happé par un sérieux qui nadmet pas de nuances.
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 31/08/2009 ) Imprimer | | |
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