L'actualité du livre Dimanche 5 mai 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Comédie  
Coffret Stanley Donen : Voyage à Deux / Fantasmes
avec Stanley Donen, Audrey Hepburn, Albert Finney, Dudley Moore, Peter Cook
Carlotta Films 2005 /  29.99  € - 196.43 ffr.
Durée film 205 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1967, Angleterre
Titre original : Two for the Road / Bedazzled

Version : 2 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (couleurs)
Format audio : Français, Anglais (Mono)
Sous-titres : Français

DVD Edition Collector Coffret + digipack 2 DVD

DVD 1
Voyage à Deux

Bonus :
Commentaires audio de Stanley Donen (VOSTF)
Récit de voyage (5mn)
Virages de Modes (11mn)
Souvenirs de Voyage(s) avec Frederic Rafael (25mn)
Bande-annonce

DVD 2
Fantasmes

Bonus :
Pete n' Dud (5mn)
Fantasmagories (21mn)
Bande-annonce

Imprimer


L'idée avait certes de quoi séduire. Réunir en un seul coffret, très joli de surcroît, les deux films anglais tournés en 1967 par Stanley Donen. Ces deux films, Voyage à deux et Fantasmes font d'ailleurs office d'ovni dans la carrière d'un réalisateur surtout (re)connu pour ses comédies musicales. En effet, danseur de formation, Stanley Donen devient chorégraphe sur les planches de Broadway, où il rencontre Gene Kelly. Ce dernier l'emmène à Hollywood et ils co-réalisent Un jour à New York. S'enchaînent ensuite Mariage Royal (et la mémorable scène de danse au plafond de Fred Astaire), Chantons sous la pluie, et Funny Face, pour ne citer qu'eux.

Cependant, la fin des années 1950 voit le style tomber en désuétude et le public s'orienter vers d'autres types de films, et Stanley Donen va réorienter sa carrière vers des comédies, souvent romantiques, très souvent sophistiquées. Il va également partager son temps entre Hollywood et Londres, et s'arrangeant, quand il le peut, pour tourner des films hollywoodiens à Londres (Arabesque). C'est d'ailleurs à la suite de Arabesque qu'il tourne successivement Voyage à deux et Fantasmes. Pour le premier, il retrouve Audrey Hepburn avec qui il a déjà tourné deux fois (Funny Face et Charade). Cette dramédie raconte la déconstruction d'un couple anglais à travers quatre voyages dans le sud de la France, étalés sur plus de dix ans. Depuis la rencontre du jeune couple à peine sorti de l'adolescence, jusqu'à la possible séparation d'un couple d'âge mûr, abîmé par les jalousies, les aventures et les usures de la routine.

Le récit déstructuré suit une seule règle. Tandis que l'on saute du passé au présent, et vice versa sur quatre périodes, le film respecte la logique du voyage, depuis la sortie du ferry en Normandie, jusqu'à la côte d'azur. Il devient logique alors que les quatre trajets s'articulent dans un premier temps dans le sens du burlesque, relatant les aléas et folies de la rencontre, avec son jeu de séduction, et son contrepoint dans l'ennui du couple installé et blasé. Cependant, alors que le film avance et que la crise du couple s'aggrave, ces sauts dans le temps alimentent le drame de la séparation, offrant une nouveau regard à certaines réactions mesquines que l'on avait pu prendre pour un simple effet comique. Et la vision parallèle du bonheur du jeune couple n'offre plus qu'une nostalgie presque désespérante…

Et c'est là la grande force d'un film tel que Voyage à deux, une seule vision suffit pour en tomber sous le charme, rire et éventuellement verser une larme. Mais c'est la seconde vision qui montre avec évidence encore plus flagrante la subtilité du scénario, et la richesse du jeu de Audrey Hepburn et de Albert Finney. Il est difficile d'imaginer Stanley Donen passer d'un film aussi subtil et complexe à une farce loufoque et somme toute pas très fine. Et pourtant, Fantasmes s'est pour ainsi dire fait dans la foulée de son prédécesseur, et tous deux sont sortis en 1967. Donen réalise ici le scénario des comiques anglais Pete n' Dud (Peter Cooke et Dudley Moore), jusqu'alors stars de la télévision anglaise, et précurseur de cet humour si particulier qui culminera (avec il est vrai bien plus de talent) peu de temps après avec les Monty Python.

Le principe en est très simple. Dudley Moore incarne Stanley Moon, un amoureux transi et par voie de conséquence malheureux. Incapable d'exprimer son amour à sa dulcinée, il préfère s'ôter la vie, mais il lui manque à la fois le talent et la volonté pour réussir son suicide par pendaison. Partant des même prémisses, Francis Veber avait enfanté de L'Emmerdeur, mais ici, point de tueur à gages, point de Lino Ventura en souffre-douleur. C'est le diable (Peter Cooke) qui va apparaître pour se repaître de l'âme pathétique de Stanley, en lui proposant d'exaucer sept vœux. Ces sept vœux vont bien évidemment tous capoter misérablement, chaque saynète servant à brocarder des traits typiques de la société anglaise de l'époque, et notre pauvre Dudley va donc se retrouver damné, à moins qu'un miracle ne se produise…

On peut imaginer, de loin en loin, que le film ait pu prêter à rire, à l'époque. Mais tout paraît désormais suranné, presque rance. Et si la plastique irréprochable d'une Raquel Welsh (incarnation parfaite de la Luxure) fait toujours des merveilles, hormis deux ou trois séquence vaguement cocasses (notamment celle des nonnes priant en faisant du trampoline), on s'ennuie ferme et l'on en vient à souhaiter très fort que Stanley subisse au plus vite la damnation éternelle !

Les bonus sont pour les deux films assez intéressants, et instructifs. L'interview de Frederic Raphael, scénariste de Voyage à deux, est assez croustillante, et le commentaire de Stanley Donen est un modèle du genre. Pour Fantasmes, les bonus se concentrent comme il se doit sur le duo Pete n' Dud, et l'interview de Marc Cerisuelo, maître de conférence à Paris VII , propose une (longue) analyse socio-théologique du film qui offre une seconde lecture intéressante, si tant est qu'on ait la volonté de le revoir… La réunion sous la forme de coffret de ces deux films était séduisante, mais leur trop grande différence tant dans le style que dans la richesse et la qualité du propos fait qu'il serait peut-être préférable de recommander aux amateurs de s'intéresser aux éditions indépendantes. A moins d'aimer vraiment beaucoup l'humour anglais, même quand il manque de finesse… Quoiqu'il en soit, Voyage à deux est un chef-d'œuvre méconnu et incontournable qu'il faut absolument posséder dans sa collection !


Daniel Beziz
( Mis en ligne le 09/01/2006 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Charade
       de Stanley Donen
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd