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Mère et fils
avec Alexandre Sokourov, Galina  Vishnevskaya, Vasily  Shevtsov, Raisa Gichaeva
France Télévision éditions 2008 /  19.99   € - 130.93 ffr.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, Pays : 2007, Russie
Titre original : Aleksandra

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.66 (couleurs)
Format audio : Russe (Dolby digital 5.1), Français (Dolby digital 2.0)
Sous-titres : Français

Bonus :
- Bande annonce
- Extrait de la conférence de presse

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Alexandre Sokourov est un réalisateur russe très prolifique, né en 1951 à Podorvikha dans la région d'Irkoutsk. Il a été élève de Tarkovski au VGIK (Institut central du cinéma de l’URSS) de Moscou. Diplômé en 1979, il réalise principalement des documentaires et des courts métrages qui sont décriés par les dirigeants de l'école. Son premier long métrage, La Voix solitaire de l'homme, ne sort sur les écrans russes qu'en 1987. Ce premier long lui offre toutefois l'occasion d'être pris sous la protection d'Andrei Tarkovski. Grâce à ce dernier, Alexandre Sokourov intègre le studio Lenfilm. Ses films restent censurés dans son pays natal. Après la trilogie composée de Le Deuxieme cercle (1990), La Pierre (1992) et Pages cachées (1993), puis Mère et fils (1997), Alexandre Sokourov devient internationalement connu. Esthète, perfectionniste et expérimentateur, le cinéaste travaille la matière même de son image, la tord (les anamorphoses dans Mère et fils), joue avec la lumière (les filtres de Moloch, Taurus). Si ce n'est pas toujours réussi, il rattache souvent le cinéma (un art mineur pour sa part) à la peinture ou la littérature.

Les thèmes de la mort, du temps, de la filiation et de la séparation ainsi que les êtres solitaires accablés par la perte, la mort d'un proche, d'un amour sont prédominants dans son œuvre. Ses films jouent beaucoup sur le souvenir ou la douleur d'un destin malheureux. On retrouve bien toutes ces préoccupations dans Aleksandra (encore une mère et son fils) dont l'action se situe dans la république de Tchétchénie de nos jours, dans un campement de régiments russes précisément. Alexandra Nilolaevna vient rendre visite à son petit-fils, l'un des meilleurs officiers de son unité. Elle passe ici quelques jours et découvre un autre monde. Il n'y a dans ce monde d'hommes, ni femmes, ni chaleur, ni confort. La vie quotidienne y est miséreuse ; les sentiments ne s'y expriment pas. À moins que les forces et le temps ne manquent pour ces derniers. Ici, chaque jour, chaque minute, des questions de vie ou de mort se résolvent. Néanmoins, ce monde est peuplé d'êtres humains.

Réalisé avec soin, Aleksandra n'est pourtant pas le film le plus réussi d'Alexandre Sokourov. L'œuvre est sans doute d'une grande beauté formelle (pas aussi "étonnante" que dans Mère et fils) mais elle est un peu trop lente et descriptive, voire anecdotique. Si le côté "couleurs poussiéreuses" retraduit fort bien la chaleur du camp, son atmosphère étouffante, ce n'est pas suffisant. On comprend bien que cette femme traverse toute cette garnison et trouve absurde cette guerre, et qu'elle désirerait évidemment que son fils se marie plutôt que de le voir combattre (comme elle le lui dit). Mais l'angle d'attaque du cinéaste reste trop cantonné à une certaine banalité et celle-ci ne prend pas beaucoup de relief dans les circonstances présentes.

D'autant qu'ici, on ne voit pas l'ennemi, ni aucun combat. Il n'y a pas dans ce film un message politique partisan, fort heureusement, ; en même temps, Aleksandra ne parvient pas tout à fait à trouver un ton soit plus émouvant, soit plus captivant. Voire plus concret : on est étonné que cette femme ne découvre pas plus de détails saisissants de la vie de ces soldats. Ce qui est gênant dans ce film, c'est justement cet aspect "hommes entre eux" qui est proprement effacé. On en reste à l'explicite, c'est-à-dire le fait que la guerre détruit les hommes, plonge des familles dans le désespoir. Certes...

Les relations entre Alexandra et son fils sont plus détaillées mais le cinéaste a quand même du mal à faire exister un passé fort et concret entre eux. Certes, le sujet qu'aborde Alexandre Sokourov n'est pas simple car il faut pouvoir retraduire avec talent le désœuvrement des soldats, leur quotidien languide sans tomber dans un univers facile, humainement simpliste. Le film, à cet égard, navigue entre deux eaux ; il est cependant sauvé ici par l'interprétation cristalline de Galina Vishnevskaya qui incarne Alexandra. Elle était non seulement la femme du grand violoncelliste Mstislav Rostropovitch mais aussi une cantatrice hors pair. La voici comédienne, confrontée à l'histoire, à l'horreur - le crime et la guerre. C'est sans doute l'aspect le plus immédiat et le plus réussi du film que de sentir la vieillesse de cette femme, lasse et usée par la vie, devant son fils qui préfère combattre, au risque de mourir...


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 18/07/2008 )
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