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L’ombre de Hiro Hito
avec Alexandre Sokourov, Issey Ogata, Robert Dawson, Kaori Momoi
TF1 Vidéo 2006 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 110 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Russie, 2005
Titre original : Solntse
Sortie DVD : 7 septembre 2006

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format original respecté 1:1.85
Format image : couleurs, 16/9e compatible 4/3
Format audio : Japonais et Anglais, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français

Bonus :
- Making of : « Comme coule une rivière » (26’)
- Alexandre Sokourov parle de Hiro Hito à la Cinémathèque française (20’)
- Film annonce
- Notre d’intention
- Petite autobiographie du réalisateur
- Filmographie du réalisateur
- Le Japon d’Hiro Hito : chronologie
- Galerie d’affiches
- Catalogue DVD Ocean

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L’empereur Hiro Hito, souverain incontesté - quoique théorique - du Japon de 1921 à 1989, fût-il l’un des instigateurs du militarisme impérialiste japonais des années 30, ayant conduit à la guerre du Pacifique, ou au contraire un homme timide et pacifiste, manipulé par la junte militaire, et ayant été contraint à la guerre ?...

Alexandre Sokourov plaide ici pour la deuxième version, avec un Hiro Hito, empereur décrié, mais épargné du tribunal qui jugea les criminels de guerre nippons par Mac Arthur, le responsable de l’occupation américaine de 1945 à 1951. Le réalisateur choisit de nous montrer le quotidien d’un petit homme discret, rongé de tics et écrasé par les rites du protocole sans fin dont on l’entoure. Un homme qui semble ne s’intéresser véritablement qu’à la biologie marine et à la description méticuleuse des crustacés, même au plus fort des bombardements et de la déroute de son pays, qu’il vit depuis un museum de biologie transformé en bunker princier. Il nous montre un Hiro Hito sympathique, lunaire, perpétuellement décalé par rapport aux enjeux qu’il traverse. Silencieux et comme ailleurs, résigné devant ses ministres comme devant ses domestiques, le souverain divin de cet empire qui n’avait jamais capitulé devant personne ne sort de sa réserve que devant le général américain Mac Arthur…

Ce n’est pas le véritable Hiro Hito que nous dépeint par conséquent Sokourov, ce n’est pas non plus une histoire de la capitulation du japon, ou une explication des enjeux politiques de l’occupation américaine ; c’est le récit de l’évolution personnelle d’un empereur fantasmé, poète, biologiste et politique timoré, empereur et incarnation d’une déesse sans l’avoir voulu, à qui soudain les événements donnent l’occasion de choisir, de sortir de lui-même et de tout ce que son statut hors du commun a toujours impliqué. Cette renaissance, accomplie de pleine volonté, va aussi être celle du Japon, et éviter bien des complications pour les 50 ans à venir : Hiro Hito n’abdique pas du titre d’empereur, mais renonce à son statut divin. Tout en perpétuant l’unité politique et nationale du Japon, dont il reste le symbole, il rend possible une occupation américaine pacifiée et ouvre la porte à l’instauration des institutions démocratiques.

Ce point de vue intimiste produit un film réussi mais historiquement discutable. Il montre bien le rôle, infiniment discret mais décisif, que joua Mac Arthur dans la «conversion» de Hiro Hito, et comment le subtil général joua avec des velléités pacifistes qui n’attendaient qu'à s’exprimer. On aime moins le portrait angélique qu’il fait de l’empereur : non content de l’innocenter dans le film, il en fait dans l’interview à la Cinémathèque figurant en bonus une sorte de héros de la paix ayant contribué à la victoire alliée dans la Seconde Guerre mondiale, ce qui est pour le moins excessif… Les historiens débattent encore aujourd’hui de la nature des responsabilités de l’empereur dans la dérive militariste et impérialiste du Japon, qui commit de 1928 à 1945 quantité d’atrocités en Chine et sur une large partie de l’Asie du Sud Est, toutes commises au nom (et avec l’accord, au moins tacite), de ce même Hiro Hito…

Quant au film lui-même, il est à l’image de son héros : ambitieux mais lent, compassé, soigné, d’une propreté qui confine à la manie, il porte à s’interroger sur les vertus de la ferveur protocolaire, qui en cinéma s’avère bien proche de l’académisme. Heureusement, l’interprétation remarquable de Issey Ogata (l’empereur) parvient à donner vie à cette longue suite de gestes calibrés et de décors léchés. Le making of, à l’image du film, n’est pour une fois pas le «plus» phare de ce DVD riche en bonus. Sokourov annonce d’ailleurs la couleur, affirmant d’emblée que «la cuisine d’un film ne regarde personne» et qu’elle doit rester non dite. On lui préfère l’interview à la Cinémathèque française, malgré une traduction aussi charmante qu’approximative de la productrice russe Elena Kudrina et les opinions de Sokourov, qui a décidément une vision toute personnelle, et toute de fantaisie slave, de la réalité historique...


Jean-Baptiste Perret
( Mis en ligne le 20/09/2006 )
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