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Forts intérieurs
avec Amos Gitaï, Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Emmanuelle Devos, Dominique Blanc
Fox Pathé Europa 2009 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée film 89 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : France, Allemagne, Israël, 2009
Sortie DVD : 1er Juillet 2009
Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.77
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0 et 5.1
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Bonus :
- Introduction du film par Amos Gitaï
- Commentaires du réalisateur sur le plan séquence entre Emmanuelle Devos et Jeanne Moreau
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1987. Le procès Klaus Barbie débute. Dans son appartement cossu encombré de bibelots ramenés de chez Drouot, la vieille Rivka (J. Moreau), bigoudis et turban modelant sa coiffure, prépare le repas pour son fils avec, en fond sonore, la déposition de l'une des victimes, à la télévision. Rivka part fermer la porte du salon, pour assourdir les mots de la femme. Et elle se brûle par étourderie, devant ses casseroles... Au même moment, Victor, son fils (H. Girardot), avocat parisien entre deux âges, entend les mêmes mots émanant d'une radio qu'écoute sa secrétaire. Affairé à son bureau, il essaye de reconstituer le puzzle familial, l'histoire de ses grand-parents et de leur déportation. Photos et lettres sont ses seules béquilles, car Rivka, elle, a choisi de se taire... Un mutisme assourdissant quand, le soir venu, profitant de l'actualité du procès, Victor cherche à obtenir des réponses de sa mère. Belle, endimanchée pour son fils, Rivka atermoie, regimbe, part chercher le sel, déplace une sacoche. Elle ne répondra pas...
Tout est là, dans le silence de la femme et l'obsession de son fils, une danse muette entre ces deux héritiers différés d'un passé sombre. C'est d'ailleurs à ses petits-enfants que, dans le girond d'une synagogue alors qu'elle n'était pas pratiquante -, Rivka choisit, peu de temps avant sa mort, de lâcher quelques mots... De leur côté, ni Victor, ni sa femme Françoise (E. Devos), ni sa soeur Tania (D. Blanc) ne parviendront à faire sourdre ces souvenirs-là...
Téléfilm finalement sorti sur grand écran, cette adaptation du roman autobiographique de Jérôme Clément par Amos Gitaï porte à bras le corps et avec brio la question du rapport français à l'holocauste. Les premières images du film exposent Victor/Girardot au coeur de la marée de noms gravés dans le granit du mémorial parisien. La caméra joue de travelling et de plans séquences mutiques. Tout est dans l'absence de mots et ce que ces non-dits nous disent... Des silences en fait fort éloquents, qu'il s'agisse de mémoire, de révélation ou de confession, autant de questions complexes liant et déliant des êtres pourtant proches, au nom de l'amour, pour protéger, épargner, oublier.
Jeanne Moreau, dans le rôle de la mère, est magistrale, tout comme le reste du casting, pertinent et des plus justes. Quant au regard de Gitaï, il est omniprésent, allant tout en pudeur d'une pièce de l'appartement à l'autre, d'un coin à l'autre du cabinet d'avocat, égrainant les stèles grises, elles aussi muettes malgré les noms qu'elles susurrent au passant... Cette retenue retranscrit parfaitement, non seulement les ambiances bourgeoises des années 80 mais aussi ces forts intérieurs protégés, pourtant, par d'infrangibles murailles. Quant à la séquence revenant sur la rafle, forte du même traitement, elle est bouleversante...
Un film à voir.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 03/07/2009 )
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