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L'Immersion d'un salaryman en eaux mitigées avec Shohei Imamura, Misa Shimizu, Koji Yahusho Editions Montparnasse 2004 / 25 € - 163.75 ffr. Durée film 115 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma : 2001, Japon
Titre original : Akai hashi no shita no nurui mizu
Version : Zone 2/PAL
Format vidéo : 1.85
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Japonais (Stéréo)
Sous-titre : Français
Bonus :
Chapitrage
Bande-annonce
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Le titre énigmatique et métaphorique du dernier film en date réalisé par le cinéaste japonais, Shohei Imamura, sonne comme les premiers vers dun haïku dont la présence dun pont rouge symbolise le passage dune vie vers une autre.
Un homme désabusé, Yosuke, quadragénaire en instance de divorce et venant dêtre licencié, va le traverser pour partir à la recherche dun hypothétique trésor dont la cache lui a été indiquée par son ami Taro, un clochard philosophe qui vient de décéder. Il quitte donc Tôkyô, ville désincarnée et déshumanisée où un inactif na plus sa place, pour se rendre dans un petit village de pêcheurs de la péninsule de Noto, sur la côte ouest de lîle dHonshû. La quête dun bien mercantile va rapidement se transformer pour lui en une découverte de soi, du désir et de lamour grâce à Saeko, lhabitante de la maison de lautre côté du pont, dont la particularité consiste à laisser échapper des trombes deau lors de chaque orgasme.
Derrière cette joyeuse ode à la liberté, montrant la prise de conscience dun salaryman tokyoïte du vide de son existence, se dissimule en fait une sévère critique de la société japonaise et, à linstar de beaucoup de ses autres films, le réalisateur se livre à une description de la pression sociale et sexuelle exercées par celle-ci. Au début de sa carrière, le cinéaste lavait fait de façon plus réaliste avec une rigueur quasi journalistique, lexemple le plus flagrant restant Evaporation dun homme de 1967, pour se tourner progressivement vers un cinéma plus allégorique depuis La ballade de Narayama, Palme dor en 1983. A travers les propos du vieux clochard hédoniste, figure médium du cinéaste, Shohei Imamura distille ses conseils sur la vie et donne sa vision du monde en pointant de façon malicieuse les dérèglements et les carcans qui oppressent le Japon moderne. Il livre également sa propre définition du bonheur lorsque Taro, apparaissant à Yosuke sous une forme spectrale, lui suggère de vivre en accord avec ses désirs en devenant aussi déraisonnable que le phénomène qui frappe Saeko.
La symbolique de leau, découlant du shintoïsme né d'un syncrétisme religieux alliant bouddhisme et animisme, jalonne le film comme image de sexualité, de fécondité et de vie. Les sécrétions de Saeko peuvent sassimiler au liquide séminal, qui féconde la terre aride de lhomme, ou amniotique, avec la perte des eaux au moment de la jouissance, dailleurs Yosuke rêve quil retourne à létat foetal après sa première rencontre avec elle. Leau présente aussi une ambivalence car elle est garante de vie mais aussi cause de malheur. Saeko a subi un profond traumatisme lorsquelle était enfant car elle a vu se noyer sa mère durant une incantation au dieu Konsei, la divinité shinto protectrice des femmes en couches. Le réalisateur avait déjà exploité la présence emblématique de leau et des poissons dans plusieurs de ses films et notamment en 1997 avec Languille, dont lhistoire contait la résistance de deux êtres blessés réapprenant ensemble à vivre et dont les rôles principaux étaient interprétés par les mêmes comédiens, Koji Yakusho, lacteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa, et Misa Shimizu.
De Leau tiède sous un pont rouge est une fable rafraîchissante, remplie dhumour et de fantaisie accompagnée par une musique enjouée et composée de décalages imperceptibles. Elle est aussi peuplée de personnages atypiques et truculents vivant des situations incongrues mêlant un marathonien africain affamé et encouragé par les invectives de son entraîneur le suivant en vélo, trois vieux pêcheurs qui commentent stoïquement les événements, une vieille dame qui écrit imperturbable des poèmes divinatoires, un jeune pêcheur très énervé qui sillonne le village en scooter et dans cet inventaire à la Prévert cest un perroquet qui fait office de raton laveur.
Il est cependant à regretter que le DVD noffre aucun bonus, hormis la traditionnelle bande annonce du film, car une interview du très irrévérencieux et vénérable vieillard, quest désormais Shohei Imamura, aurait été dun intérêt indéniable.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 28/04/2004 ) Imprimer | |
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