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Prenez garde à la sainte putain
avec Rainer Werner Fassbinder, Lou Castel, Eddie Constantine, Hanna Schygulla
Carlotta Films 2005 /  26  € - 170.3 ffr.
Durée film 103 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 1970, Allemagne
Titre original : Warnung vor einer heiligen Nutte

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1 : 33
Format audio : Allemand mono.
Sous-titres : Français

DVD Bonus :
Rainer Werner Fassbinder, 1977 (30’) : deux entretiens réalisés en 77 par Florian Hopf, et montés en 96 par Maximiliane Mainka.


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Dans un coin d’Espagne, dans un hôtel en bord de mer, l’équipe d’un film attend le réalisateur, la star, l’argent, la pellicule, les ordres pour commencer le tournage. Certains sont affalés au bar. L’électro espagnol plaît bien à l’une des deux filles, assises au fond du hall immense. Un cow-boy, cheveux longs, habit et chapeau noirs, embrasse une créature féminine, habit rouge, poupée irréelle. Un technicien se rêve écrivain, il trouvera un éditeur. Sinon, il montera un trafic de hasch. Un autre se rêve coureur automobile. L’ambiance est à la torpeur, à l’inertie, à la mélancolie des affects, à la ronde des regards jaloux. On s’observe, on se frôle, on se désire furtivement, on va et vient de l’un à l’autre. L’ambiance est à l’ennui, brisé soudain par des cris. Du directeur de production après l’assistant. Pourquoi faire un plan de travail, il n’y a pas de tournage ! Du réalisateur, arrivé, enfin, après le directeur de production. « Je veux un palace, pas un trou minable ». De la créature à l’habit rouge après le réalisateur. « Il avait promis de m’épouser, on voulait des enfants. » Il la gifle. Certains dansent aussi, dans une étreinte douce, au milieu du hall immense. Échange des cavaliers. Musique de Léonard Cohen. Spleen. Hanna Schygulla, star, blonde sensuelle, dos nu, quitte le bar, traverse lentement l’espace, s’assied, embrasse Eddie Constantine. Un baiser de cinéma ?

Il faut sauver le film. Une troupe est là, attendant d’exister, attendant que le tournage commence. Jeff, le réalisateur, décrit le plan du lendemain. « Un meurtre c’est bizarre, ça rend sentimental, le public est touché ». Jeff est là, il n’est pas là, il fuit sa propre création. En voiture sur la route avec la compagne du directeur de production. « Tout le monde a peur de toi. Mais tu es différent. » « On se marie ? ». Assis à la terrasse en bord de mer, en compagnie d’Hanna Schygulla, conversation aux frontières de l’absurde. « Je me soûlerai bien avec Marlène Dietrich dans le désert. » Il y a aussi l’ulcère d’un technicien, les pleurs du directeur de production, les verres cassés un à un par un jaloux, le chant à capella par une partie de la troupe, la proposition d’écouter de la musique, la tentative de renvoyer tout le monde chez soi, la photographie de Jeff dans un journal à Munich…

Pour la lumière « pas besoin que ce soit naturaliste », dit Jeff. Non, Prenez garde à la sainte putain n’est pas un film naturaliste. Féerie, enfer, tournage, ronde de pantins, cris, coups, caresses, improbable captation du réel, fuites imaginaires et retours… Prenez garde à la sainte putain frôle le désespoir, joue du vertige créatif, se moque, s’immobilise enfin pour le tournage d’une scène, d’un meurtre. Fassbinder filme des pertes, des désirs, des regards par des zooms répétés blessant l’espace et resserrant le cadre sur les visages. Il filme un petit théâtre humain bigarré, sexuel, narcissique. Ça nous enchante. Des travellings derrière le bar de l’hôtel, à travers le hall immense dessinent une chorégraphie sensuelle, solitaire des membres de la troupe. Le cinéaste, marionnettiste ?

Marionnettiste ? Artiste conscient de son art en tout cas, orgueilleux, mais d’un orgueil portant une nécessité, disant ce qu’il cherche, ce qui l’inspire, situant son cinéma dans l’histoire du cinéma allemand. Qui parle ? Non, pas le Jeff du film mais Rainer Werner Fassbinder dans deux entretiens de 1977, proposés en complément. Le cinéaste allemand a alors réalisé une trentaine de films. Il en réalisera quarante-cinq.


Benoît Pupier
( Mis en ligne le 09/01/2006 )
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