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Tue l’amour
avec  Collectif, Christopher Bulchoz, Regina Nemni, Robert Downey Jr, Gong Li, Chang Chen
Aventi Distribution 2006 /  16  € - 104.8 ffr.
Durée film 102 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2005, France, Italie, Etats-Unis, Hong-Kong
Titre original : Eros

Version : DVD9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.77 (couleurs)
Format audio : Français, Italien, Anglais, Chinois (Dolby Digital 5.1 ou 2.0)
Sous-titres : Français

Bonus :
- Interview de Wong Kar Waï (9 mn)
- Documentaire Comix: Lorenzo Mattotti, le triomphe de la couleur (26 mn)
- Bande annonce
- Filmographies des réalisateurs

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Réussir un film dit à sketches est une des gageures les plus flagrantes du septième art. L’ambition de réunir plusieurs cinéastes autour d’un thème en général assez flou ou très vaste, pour que chacun, avec son style, ses obsessions et son univers visuel, propose sa façon de regarder le monde, est rarement couronnée de réussite. La plupart du temps, parmi les trois ou quatre courts ou moyens métrages, un seul sort du lot. Au mieux, il fait oublier les autres, au pire, il fait regretter tant de talent gâché.

Pourtant ce format de cinéma survit, même s’il reste assez rare. On se souvient par exemple, grâce surtout à ses diffusions télévisées, de New York stories (1989), joli ratage de Scorsese et Coppola, à peine sauvé par Woody Allen. Plus récemment, 2005 avait vu sortir 3 extrêmes, censé incarner le sommet du film de peur asiatique. Au final, la beauté malsaine de Nouvelle cuisine de Fruit Chan, dont la version longue est sortie en France en février 2006, écrasait l’exercice de style et de torture gratuite de Park Chan-wook et le conte de fantômes mal fichu de Takashi Miike. «Il ne peut en rester qu’un» pourrait devenir la devise des films à sketches.

Eros ne déroge pas à la règle. En prenant pour thème le désir, choix assurément intrépide, cette production internationale ne décolle pas pendant une heure, jusqu’au beau film de Wong Kar Waï.

La première partie est signée Michelangelo Antonioni. 95 ans... On pensait, à l’instar de Wong Kar Waï qui l’avoue dans l’interview en bonus du DVD, que le cinéma était de l’histoire ancienne pour ce réalisateur culte des années 60 (L’Avventura et Blow up) depuis son accident cérébral de 1995, qui l’a laissé à demi paralysé. Et bien, non, il livre ici Le Périlleux enchaînement des choses, un film de 39 minutes aussi creux que son titre, et périlleux en effet! Et pour le moins très ennuyeux. Un couple au bord de la rupture ne se désire plus, même dans l’endroit le plus romantique du monde, la Toscane. Elle est exaspérée du quotidien avec son mari ; lui est en manque de sexe. Les dialogues sont du niveau d’un mauvais soap, la mise en scène (avec force panoramiques et zooms) a le goût d’une resucée écoeurante de la nouvelle vague. Le tout fait tour à tour penser à un objet télévisuel non identifié à la Arte, à un feuilleton terroir façon France 3 et à un téléfilm érotique M6 du dimanche soir... Et finalement, en moins bien qu’à la télé.

Equilibre, que l’on doit au golden boy d’Hollywood, Steven Soderbergh, repose sur un principe de mise en scène aussi léger qu’un avion en papier. Un publicitaire en pleine crise de stress va se confier à un psy et lui raconter un rêve charmant et potentiellement érotique, histoire de contrôler son angoisse et ainsi trouver la bonne idée d’une campagne pour un réveille-matin. Le très drôle Robert Downey Jr. s’installe donc sur le divan pendant que l’analyste observe quelque chose ou quelqu’un à la jumelle par la fenêtre. La gestuelle de ce personnage est assez comique, mais hélas, c’est bien le seul intérêt (avec une jolie photographie tout de même) du film, au final assez vain.

Après une heure d’ennui et de lassitude, La Main, de Wong Kar-wai apparaît comme une bouffée d’oxygène, bien que chargée de tabac ! Un jeune tailleur s’éprend d’une belle prostituée suite à une scène de masturbation hautement érotique. Il lui confectionne alors des robes parfaitement ajustées pendant des années, jusqu’à la mort précoce de la belle. Même si la photo est moins soignée que dans In the mood for love et 2046, dont il reprend le décor (Hong-Kong, les années 60), La Main est, comme les précédents films du cinéaste, une magnifique histoire d’amour et de désir noyée dans l’absence et la frustration d’être loin de l’autre. Une fois encore, c’est une femme (Gong Li) qui mène la danse, mais sans omniprésence d’un thème musical, autre caractéristique du cinéma de Wong Kar-wai. Le tailleur (Chang Chen) est le clone du Tony Leung de In the mood for love, en moins torride toutefois : indécis et timide, il ne parvient pas à se laisser submerger par son désir. Charnel au plus haut point, malgré un scénario convenu, le film du Hongkongais élève enfin le niveau d’une compilation bien terne sur le désir.

Les bonus n’apportent rien au spectateur frustré. Outre la bande annonce, les filmographies des réalisateurs et une interview fort creuse de Wong Kar-wai, on y trouve un épisode de la série Comix d’Arte, portraits de dessinateurs de BD contemporains, sur l’Italien Lorenzo Mattotti, auteur des peintures qui opèrent la transition entre les sketches. Pas de quoi faire oublier les laborieux deux premiers tiers d’Eros.


Benjamin Roure
( Mis en ligne le 13/03/2006 )
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