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La grande dépression (du spectateur !!!) avec Matthew Ryan Hoge, Ryan Gosling, Don Cheadle, Jena Malone, Kevin Spacey One plus One 2006 / 26 € - 170.3 ffr. Durée film 104 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : 2004, USA
Titre original : The United States of Leland
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85
Format audio : Anglais Français (Dolby digital 2.0)
Sous-titres : Français, Anglais
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Un adolescent visiblement sans problème tue dune vingtaine de coups de couteau un gamin handicapé mental. Pourquoi ? Dans The United States of Leland, là nest pas la question. Et les protagonistes ne cesseront de le répéter : il ny a pas de raison à ce geste horrible et sans but. Si ce nest la profonde déprime dans laquelle est plongée ce jeune Leland P. Fitzgerald, gentil gamin riche et sans problème, en apparence du moins.
The United States of Leland désire clairement se placer aux côtés de Virgin suicides et Ken Park, deux films récents, parmi d'autres, sur le malaise adolescent de la classe moyenne américaine. Comme les deux autres, il débute par un fait divers (un assassinat) et remonte le fil des événements pour tenter, si ce nest de comprendre, du moins de regarder de plus près la vie du coupable. Dans Virgin suicides, de Sofia Coppola (1999), il sagissait du suicide collectif dune fratrie de surs minées par léducation conservatrice de leurs parents et par lindifférence du reste du monde à leur malheur. Cétait aussi un splendide portrait éthéré de ladolescence, de la difficulté de saffirmer comme personne à part entière, surtout dans un milieu qui avait choisi comme mode de vie de faire le moins de vagues possible. Dans Ken Park, de Larry Clark (2002), cétait le suicide public dun jeune skater qui ouvrait la chronique tape-à-lil dune jeunesse consumée par lennui et la dépression ambiante et qui trouvait dans le sexe la seule voie vers loubli de sa condition.
Venant à la suite de ces deux uvres fortes (malgré ses faiblesses, Ken Park porte nettement plus de sens que le film de Matthew Ryan Hoge), The United States of Leland apparaît rapidement fade et ennuyeux. Très vite, il en devient même franchement déplaisant, tant le regard de chien battu dépressif du héros Leland nexprime que deux vacuités : dune part, la pseudo-clairvoyance du genre « en fait, le monde est moche » dun adolescent en pleine crise ; et dautre part, le caprice dun petit enfant riche, dont le père est absent (Kevin Spacey) et la mère, aimante mais paumée.
Le film enchaîne les lieux communs avec les poncifs, comme si Matthew Ryan Hoge avait fait le pari den accumuler le plus grand nombre. Une fois en prison pour mineurs, en attendant son procès, Leland demande un crayon et du papier pour écrire, parce que, mine de rien, son père est un grand écrivain et que lhérédité ça existe, et que, même sil a tué un enfant handicapé et que ça ne semble rien lui faire, il nest pas un monstre, mais un humain avec des choses sur le cur. Son professeur en prison, tel Robin Williams dans Will Hunting, va prendre Leland sous son aile, voulant percer le mystère de cette adolescence sans repère. Incarné par un Don Cheadle (Traffic, Oceans eleven, Hôtel Rwanda
) tout en tresses et lunettes rectangulaires (pour faire cultivé), il rejoint cette grande famille de personnages, pas crédibles pour un dollar, dhommes banals mais généreux, dernière perche tendue à lenfance en danger.
Mais tout cela nest rien face à la morale bien pensante qui sous-tend tout le film. Celui-ci est bercé par la voix off de Leland qui égrène des sentences quon pardonnait à Forrest Gump mais qui, dans sa bouche de donneur de leçons, ont bien du mal à passer. Exemple : « Il y a deux façons de voir le monde : ou on voit la tristesse partout ou on décide de ne pas la voir.» On est bien avancé... De plus, le film propage une idée proprette et pas trop dérangeante du malaise de la jeunesse américaine. Dans les Etats-Unis de Leland, lorigine du malheur des gens, cest la drogue (cest mal, ça détruit les familles, est-il explicitement souligné), ladultère (cest pas chrétien, lit-on entre les lignes), le mensonge (ça détruit la confiance, merci Leland).
Au final, The United States of Leland laisse dans la bouche un goût rance, dégoulinant de conformisme. Limage lisse et au bout du compte manichéenne (alors que le postulat prétendait le contraire : « ne pas chercher à expliquer ») quil donne de cette Amérique, pourtant engluée dans ses peurs et ses certitudes, a sans doute de quoi faire frissonner, le temps dun paquet de pop-corn, ses habitants les plus aveugles. Les autres, ceux qui savent que le monde nest pas rose mais qui nont pas besoin dun portrait mièvre et stéréotypé de la jeunesse pour le confirmer, se passeront fort bien de Leland.
Benjamin Roure ( Mis en ligne le 22/06/2006 ) Imprimer
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