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Films  ->  Policiers / Thrillers  
Agatha Christie au XVIIe siècle
avec Peter Greenaway, Anthony Higgins, Janet Suzman, Anne Louise Lambert, Hugh Fraser
MK2 - Les Eternels 2007 /  14,99  € - 98.18 ffr.
Durée film 103 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Angleterre, 1984
Sortie DVD : 17 octobre 2007
Titre original : The Draughtsman's Contract

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.85
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français


Bonus :
- La préface de Peter Greenaway
- Les commentaires audio de Peter Greenaway
- Les coulisses du film : "scènes de la grenade" et les commentaires
- L'interview de Michael Nyman, Compositeur
- Les 4 scènes coupées
- La restauration du film
- Le scénario (lien internet)
- La galerie de photos et de dessins

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Peter Greenaway, né en 1942, a une carrière riche et foisonnante : il est l'auteur de films, d’expositions et même de sites Web multimédias. Ses œuvres sombres et cruelles sont axées sur l'art en général (peinture, architecture, musique...) et révèlent une fascination pour la couleur et les nombres.

Peter Greenaway réalisa plusieurs films iconoclastes, mêlant humour noir, dérision, ironie, classicisme, élégance, et grande culture. Citons Le Ventre de l'architecte (1987), Drowning by numbers (1988), Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989), Prospero's Books (1991), The Baby of Macon (1993), The Pillow Book (1996). Depuis 1998, avec 8 Femmes 1/2, ses films ne sont plus distribués en France et l'on se prive ainsi de plusieurs épisodes de The Tulse Luper Suitcases. Greenaway est certainement l'un des plus grands cinéastes actuels et l'un des plus talentueux cinéastes britanniques, fort éloigné de la tradition naturaliste sociale anglaise en tout cas. Un auteur à découvrir. Justement, MK2 ressort son premier long métrage, Meurtre dans un jardin anglais (1984).

Une noble Lady, Miss Herbert (Janet Suzman), souhaite engager l'artiste peintre Neville pour réaliser une douzaine de tableaux représentant la propriété de son mari, dont c'est la grande fierté. Mr. Neville (Anthony Higgins), peintre à la mode, est très cher, et Miss Herbert ne dispose pas d'une grande fortune. Elle propose à l'artiste un étrange contrat : ses faveurs à discrétion, en échange des dessins. Mais bien vite, la situation se complique, notamment avec l'entrée dans la ronde de la propre fille de Miss Herbert, Miss Talman (Anne-Louise Lambert), et la disparition mystérieuse de son mari. De nombreuses histoires prennent place : une enquête policière provinciale et britannique à la Agatha Christie, une analyse des oppositions religieuses et sociales en Angleterre à la fin du XVIIe siècle, et une étude cinglante sur la nature humaine.

Formellement brillant et servi par la partition ironique de Michael Nyman (compositeur bien meilleur dans la musique de film), empruntant des thèmes de Purcell, Meurtre dans un jardin anglais marque la mise en place de l'esthétique millimétrée et féconde de Peter Greenaway. Film de gourmet et de gourmand, il conjugue à la fois polar et film d'art, film d'esthète et divertissement, à la fois "bavard" et plastique, mettant en place tout ce que le cinéma peut convoquer, artistiquement parlant, pour offrir un "plat de résistance copieux".

En 1694 est est créée la Banque d'Angleterre. Suite à la bataille de la Boyne, l'aristocratie protestante hollandaise s'ancre en Angleterre. Celle-ci a dit au revoir à toute la famille Stuart convertie au catholicisme. James II vient de perdre le trône d'Angleterre et tente de convertir le pays au catholicisme. Il échoue et le hollandais Guillaume III d'Angleterre épouse la reine anglaise Mary pour occuper le trône. Les notions d'héritage et les anciennes valeurs changent et la cour francisée commence à subir l'influence d'une cour hollandaise, et allemande à long terme. 1694 voit aussi la mise en vigueur par le parlement anglais d'une loi mineure, mais importante pour les femmes, celle de la propriété de la femme mariée. La femme peut hériter des biens. Nous sommes donc ici dans une société d'aristocrates anglais, située entre Shaftesbury et Salisbury dans le Wiltshire en Angletterre, région riche et anciennement catholique. Cette société est située entre Bath, une capitale de province tournée vers la société et Londres. Dans cette société retirée se crée un drame autour de l'héritage, l'association du patronage et du sexe.

C'est toute l'intrigue du film. On va vite apprendre que le dessinateur est manipulé. Ou comment deux femmes utilisent un artiste comme géniteur, suite à cette nouvelle loi, histoire d'avoir des héritiers et de garder le pouvoir sur la propriété. Les dessins accumulent les détails troublants menant M. Neville à se poser des questions sur la disparation de M. Herbert ; M. Talman (Hugh Fraser), le mari de Miss Talman, est par ailleurs impuissant. Le film de Peter Greenaway cerne remarquablement cette logique du contrat, du complot, par une mise en scène rigoureuse et fourmillant de détails dans les décors et les costumes. Par exemple, quand les aristocrates sont en blancs, le dessinateur, naïf et suffisant, s'habille en noir et dans la seconde partie, après la découverte du corps de M. Herbert, c'est l'inverse !

Le film est remarquablement construit et d'une belle symétrie. La présentation des six premiers dessins est accompagnée par six motifs musicaux. Cadré et encadré, car Peter Greenaway joue non seulement du cadre mais de l'outil optique dont se sert le dessinateur pour dessiner ce qu'il voit et non ce qu'il sait, thème essentiel du film. A l'intérieur de ce cadre très serré, une intrigue encadre toute l'histoire, un complot. Plans-séquences d'une richesse inouïe et d'une grande beauté (ceux dans le brouillard ou utilisant les changements de lumière de l'ombre au soleil), plans fixes filmant les personnages de plein pied à l'inverse du cinéma américain qui "coupe" les corps, composition savante et picturale des plans (blanc, noir et vert) jouant sur la profondeur de champ et faisant référence à la peinture (hollandaise notamment), diction particulière dans un anglais riche et impeccable, Meurtre dans un jardin anglais est un film exceptionnel qui mérite plusieurs visions pour en venir à bout et pour être dégusté pleinement. Le film est aussi plein d'ironie et d'humour, notamment avec la statue qui prend vie (telle celle qui se met à uriner !). Mais derrière l'humour, il y a le macabre, la mort et le sang. L'infernal appétit de pouvoir des femmes.

Là où Peter Greenaway démontre une maîtrise éblouissante, c'est dans les rapports qu'il tisse entre réalité et représentation, la peinture de la société anglaise du XVIIe siècle en rapport avec sa figuration esthétique, par le dessin. Le cinéaste passe souvent du plan de réalité que dessine M. Neville, à sa représentation. De même, il enserre ses personnages à travers l'instrument optique qu'utilise le dessinateur, tellement ce petit théâtre de la cruauté est en représentation pour dissimuler le complot dont sera victime l’artiste. On sait que le cinéaste est aussi un peintre (c'est sa main qui dessine dans le film) et que cette histoire est en partie autobiographique. Peter Greenaway a peint des manoirs et changeait de lieux pour respecter la lumière et les ombres aux différentes heures de la journée.

Au programme de cette édition DVD une introduction signée du cinéaste, le film commenté par lui-même (à écouter absolument), une interview de Michael Nyman, les coulisses du tournage d'une scène, quatre scènes coupées, et les interviews d'époque du réalisateur ainsi que des deux comédiens principaux.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 03/11/2007 )
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