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Main basse sur les fiches
avec James Foley, Al Pacino, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Jack Lemmon, Ed Harris
Carlotta Films 2008 / 14.99 € - 98.18 ffr.
Durée film 92 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 1992
Sortie DVD : 20 février 2008
Titre original : Glengarry Glen Ross
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Bonus :
- aucun
L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est lauteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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James Foley est un réalisateur inégal, auteur de Instant de bonheur (1995), Fear (1996), L'Héritage de la haine (1996), Le Corrupteur (1999) ou Confidence (2003). Il signe avec Glengarry son meilleur film jusqu'à présent.
Après des études universitaires à la Southern California Film School, James Foley fait ses premières armes derrière la caméra en 1984 avec Reckless, un thriller teinté de romance dont le scénario a été écrit par un autre débutant : Chris Columbus. Avec Glengarry, Foley bénéficie d'un scénario solide de David Mamet, scénariste, réalisateur, producteur et acteur américain. Auteur entre autres dEngrenages, ce dernier est un homme de théâtre fort célèbre (Glengarry est d'ailleurs à l'origine l'une de ses pièces).
Glengarry Glen Ross met en scène une importante société immobilière, Mitch & Murray, en pleine ébullition. Et pour cause... Un jour, un cadre supérieur, insultant, Blake (Alec Baldwin) vient annoncer aux vendeurs une importante restructuration des effectifs. Les meilleurs vendeurs resteront et se verront confier la commercialisation d'un lot de terrains particulièrement convoités, les autres seront purement et simplement virés. Commence alors une guerre à outrance parmi les vendeurs qui veulent tous conserver leur place. Un matin, on apprend que les fiches des clients ont été volées... Un inspecteur enquête.
La critique de la société immobilière est ici d'une rare virulence. Une peinture qui ne donne pas envie de travailler dans un tel secteur ! Certes, le film nous montre bien des dirigeants qui ne pensent qu'à la rentabilité, à l'utilité, à l'exploitation à outrance de leurs employés. De vrais cyniques comme il doit en exister fort malheureusement dans la réalité même si un tel portrait est toujours un peu caricatural dans un film. Cependant, le personnage de Blake nest là que pour «agiter la ruche», serrer les boulons à l'intrigue, lui donner du piquant en quelque sorte. De plus, on ne sattarde pas trop sur lui sinon pour dessiner larrière-plan basique du film et du milieu immobilier, histoire de souligner les méthodes...
Le film sattache plus aux employés qui travaillent dans cette société immobilière et personne là non plus néchappe à la critique virulente de David Mamet. Il ny a pas ici de «méchants» dirigeants ni de gentils employés qui subissent leur loi. Au contraire, chacun des personnages croqués et honnêtement décrits se voit tailler un "sacré costard" : Ricky Roma (Al Pacino), beau parleur, imbu de lui-même, prêt au chantage affectif ou à rouler quiconque dans la farine pour obtenir sa prime ; Shelley Levene (Jack Lemmon), homme veule et arriviste, prêt à ramper pour sauvegarder son travail ; Dave Moss (Ed Harris) et James Lingk (Jonathan Pryce) qui complotent, prêts à voler les fiches pour ne plus réellement travailler
Chaque portrait montre néanmoins que l'employé nest pas seulement sous pression mais qu'il accepte au fond la pure loi du marché... tout en sen plaignant. Chaque personnage ne désire quune chose, écraser son collègue tout en étant incapable de le faire, ce qui loblige évidemment à un repliement sur soi, sur sa petite sphère personnelle, et en conséquence à un dénigrement de sa hiérarchie. Leur agressivité montre bien le classique phénomène de compensation. Dailleurs, une fois que Blake les aura mis plus bas que terre, ils vont redoubler dagressivité et de roublardise, non pas pour s'en prendre à leur propre travail (sans quoi ils devraient le quitter !) mais pour avoir de meilleures fiches (exploiter donc le client jusquau point de le gruger sans état d'âme) ou pour concurrencer méchamment leur collègue
Cest certainement la partie du film la plus intéressante et la plus palpitante ; le reste laisse un peu à désirer quant à la profondeur de chaque personnage qui aurait mérité plus de perspective ou denvergure. Cest sans doute dû à une intrigue qui séparpille parfois en dialogues un peu inutiles ou manquant de concision pour faire mouche. C'est un peu dommage.
De l'autre côté, James Foley se sort fort bien de cette adaptation théâtrale. Certes, il a pour lui des acteurs exceptionnels : Al Pacino, Jack Lemmon, Kevin Spacey, Alec Baldwin, Ed Harris... Difficile de rater avec une telle distribution ! Là où James Foley s'en sort aussi bien, c'est dans la réalisation : les cadres sont rigoureux et jouent habilement avec la profondeur de champ, la lumière est belle et toute l'ambiance du film, fortement pluvieuse, est plaisante, frôlant le film noir. On passe un bon moment même si Glengarry n'est pas aussi haletant qu'on l'aurait souhaité.
Dans un genre différent, pour prendre un exemple, le film n'a pas la profondeur psychologique de la pièce de Anthony Shaffer, Le Limier (Sleuth) qu'adapta magistralement le grand cinéaste Joseph L. Mankiewicz.
Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 29/02/2008 )
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