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Coffret Hitchcock : Quatre de l'espionnage
avec Alfred Hitchcock, John Gielgud, Robert Young, Madeleine Carroll, Peter Lorre
TF1 Vidéo 2005 /  35  € - 229.25 ffr.
Durée film 83 mn.
Classification : Tous publics

Quatre de l’espionnage fait partie d’un coffret de cinq films de la période anglaise du réalisateur qui comprend également : Agent Secret, Les 39 marches, Jeune et innocent et Une femme disparaît.

Sortie Cinéma : 1936, Grande-Bretagne
Titre original : Secret Agent

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (Noir et blanc)
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français

Bonus (52 mn):
Early years : la période anglaise
L’analyse de Claude Chabrol
L’analyse de Dominik Möll

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Quatre de l'espionnage (1936), fait partie du Coffret Hitchcock proposé par TF1 Vidéo qui regroupe cinq films de la période anglaise du réalisateur. Les spécialistes, ou simplement les cinéphiles, distinguent sa période anglaise de sa période américaine et les avis divergent, la querelle des anciens et des modernes version cinématographique. Pour les uns ses premiers films ne sont que les brouillons de ses chefs-d'œuvre réalisés aux USA, tandis que pour les autres tout ce qui fait le génie d'Hitchcock est déjà présent dans ses films anglais, et les films américains ne sont au final que des redites améliorées. Cette interprétation est confortée par les reprises de ses propres films par Hitchcock, et notamment L'homme qui en savait trop. Parmi les films réalisés en Angleterre, on peut, comme le suggère Claude Chabrol dans l'interview contenu dans le bonus, établir une sorte de classement entre ceux qui ont une renommée affirmée et les autres. Quatre de l'espionnage appartient plutôt à la dernière catégorie. Cette vision un peu académique de l'œuvre d'Alfred Hitchcock montre simplement qu'aucun réalisateur ne peut avoir une carrière remplie d'œuvres majeures atteignant toutes des sommets. Il faut aussi considérer que nombre de fans adorent tous ses films sans exception.

Malgré, ou bien peut-être à cause, la réputation mitigée de Quatre de l'espionnage, on appréciera d’autant plus le génie hitchcockien, ses trouvailles de mise en scène, son utilisation de la musique et des sons, l'humour et les fameuses actrices blondes dont il raffolait. Ce film fait partie de ceux qui ne bénéficient pas d’une diffusion à la télévision 20h30, mais que l’on peut voir plutôt lors des cycles du Cinéma de minuit.

Adapté d'un roman de W. Somerset Maugham Mr Ashenden, agent secret, Quatre de l'espionnage nous entraîne sur les traces de Robert Ashenden, romancier et agent secret. Allez donc essayer de m'expliquer pourquoi le titre original du film Secret Agent est traduit en français par Quatre de l'espionnage. Ah les mystères de la traduction !

1916, la nouvelle mission de notre héros, plus proche d’un monsieur tout-le-monde fadasse que de 007, est de retrouver et d’éliminer un espion allemand dont on ne connaît que le lieu de villégiature dans un hôtel suisse. Arrivé sur place, Ashenden (John Gielgud) fait la connaissance de sa femme, femme pour la mission s'entend. Leur première rencontre est une scène très drôle et légère. On croise d'abord un bel américain (Robert Young) en train de faire une cour assidue à la dame, et présentement le siège de sa chambre pendant qu'elle se prépare dans la salle de bain attenante. Sa voix nous parvient puis on aperçoit une ombre. Son mari ne la découvrira d’ailleurs que plus tard puisqu'une fois dans la salle de bain, il la trouve le visage tartiné d'un masque de beauté. Une version « Barbara Gould » du suspense du maître. La belle Elsa (Madeleine Carroll) est le personnage féminin hitchcockien par excellence : blonde, à la fois froide et incandescente. Aidés par un général mexicain d'opérette, exécuteur des basses oeuvres (Peter Lorre, souvenez-vous : M Le Maudit, c'était lui !), notre couple part à la recherche de l'espion allemand. Après l'identification de l'ennemi, il faut s'en débarrasser au plus vite. Ashenden a du mal à s’y résoudre mais le devoir passe avant tout. La scène est l'une des plus marquantes du film : pendant que l'espion allemand part en randonnée avec le Général et Ashenden, leurs femmes respectives se retrouvent autour d'une tasse de thé pour un petit cours d'allemand. Les deux scènes sont montées en parallèle. Le lien est établi par le chien de l'allemand resté avec sa maîtresse qui est tout excité par les dangers que court son maître face à une Madeleine Caroll qui comprend et angoisse avant le terrible hurlement à la mort final. Très vite, on apprend que l’on s’est trompé de cible en éliminant un simple touriste.

On retrouve ici un thème très prisé par Hitchcock, celui de l'erreur. On entame une véritable course contre la montre avec un final inspiré par Eisenstein. Le tout forme un film un peu chaotique mais le génie créatif qui habite certaines scènes vaut le déplacement. Son utilisation des sons notamment : musique lancinante d’une pièce de monnaie qui tourne dans un saladier métallique, scènes rendues muettes par un bruit assourdissant dans une chocolaterie ou encore un : « sois raisonnable, sois raisonnable », que l’on lit sur les lèvres et qui est mis en musique par le bruit régulier du train : c’est le train qui parle.

Comme le dit l’autre invité bonus, Dominik Möll (réalisateur entre autre de Harry, un ami qui vous veut du bien et du récent Lemming), Alfred Hitchcock est le meilleur utilisateur des procédés cinématographiques pour raconter une histoire. Et, même si le « génie du suspense » n'est pas au sommet de son art, on retrouve quand même sa patte avec grand plaisir. Petit détail parfois désagréable, mais inhérent à l’âge du film, la qualité des images n'est pas toujours au rendez-vous, victime d'une altération semble-t-il irrémédiable.

Les bonus, au nombre de trois, ne sont pas tous de la même veine. Le documentaire sur la période anglaise de la carrière de sir Alfred prend très vite des allures de panégyrique assez désagréable même si certaines des anecdotes distillées sont piquantes. Par exemple, celle où le jeune Alfred passe quelques instants en prison à l'âge de six ans à la demande express de son père pour lui montrer où finissent les mauvaises personnes. Une expérience marquante. Avec l’interview de Chabrol, on suit la mutation des Cahiers du cinéma face au phénomène Hitchcock, dont les rédacteurs passent d’observateurs à fans sous la houlette de Rohmer, Chabrol ou encore Truffaut. Le livre d’entretiens entre Hitchcock et Truffaut occupe d’ailleurs une grand part du troisième et dernier bonus (l’entretien avec Dominik Möll), et montre comment il a contribué à l’appropriation du médium cinéma par Möll. Les entretiens sont intéressants et apportent un véritable éclairage même si le ton de la confidence employé par Chabrol est un peu pénible. Film et bonus forment un ensemble tout à fait agréable pour fans et moins fans.


Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 27/06/2005 )
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