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Films  ->  Horreur / Epouvante  
Le film d'horreur spaghetti
avec Mario Bava, Michèle  Mercier, Boris Karloff
Montparnasse - Classique italien  2008 /  9.99  € - 65.43 ffr.
Durée film 93 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1963, Italie
Titre original : I Tre volti della paura

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33
Format audio : Italien (Mono)
Sous-titres : Français


Bonus : Aucun

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Mario Bava, né à San Remo en 1914, commence par œuvrer dans les arts plastiques et la peinture, avant de bifurquer vers le cinéma. S'il est plutôt un bon chef opérateur (il signe la lumière de deux courts métrages de Roberto Rossellini puis de nombreux films de Francesco de Robertis, Luciano Emmer, Luigi Comencini, Dino Risi, Mario Monicelli), il a la mauvaise idée de devenir metteur en scène, même s’il possède ses "fans" (au sens originel du mot).

Mario Bava a abordé tous les genres populaires du cinéma : l'épouvante, le péplum, la science-fiction, le film d'aventures, le western spaghetti, voire l'érotisme (Quante volte.. Quella notte). Il a signé des films de son nom ou de pseudonymes comme John M. Old, John Hold ou John Foam (par honte ?), a toujours ou presque tenu à participer à l'écriture de leur scénario et a conservé la responsabilité de leur photographie. Il signe son premier long métrage, d'après un conte de Gogol, Le Masque du démon, avec Barbara Steele, considéré comme un classique du cinéma fantastique mais en réalité un navet du genre. Tout comme L'Espion qui venait du surgelé 1966, dont le titre en dit déjà long. Au fond, tout irait bien si on prenait le cinéma de Mario Bava pour ce qu'il est. Or, le problème est qu'il est considéré comme un maître du genre !

Pourquoi est-il tant surestimé (tout comme son suiveur, Dario Argento, qui fera pire) ? Non pas à cause du genre mais parce que son approche est "populaire" ou plutôt baignant dans le mauvais goût. Auréolés par ce côté populaire et sympathique, il serait mal venu de venir critiquer de tels films (à moins de passer pour un affreux élitiste) surtout à notre époque si relativiste...

Prenons le premier plan des Trois visages de la peur. Boris Karloff, le célèbre acteur de Frankenstein, présente le film et croit nous faire peur en disant qu'il y a peut-être un vampire assis à côté de nous car eux aussi vont au cinéma ! Le niveau vole bas : quand Boris Karloff dit qu'ils ont l'habitude de boire du sang, son visage devient rouge par un effet de lumière. Diable quelle subtilité ! Mario Bava a sans doute inventé le film d'horreur spaghetti mais attention ça tache ! On pourrait broder en disant qu'il y a de l'humour ou de l’ironie ; non seulement ce n'est pas drôle mais ces films d'horreur qui ne font pas peur sont pénibles. Et les films de Mario Bava ne font pas peur...

Mario Bava adapte ici trois courts récits de F. G. Snyder (Le Téléphone), Tolstoï (Les Wurdalaks) et Tchékhov (La Goutte d'eau). Dans le premier, Rosy (jouée par Michèle Mercier, l'inénarrable héroïne d’Angélique Marquise des anges, tourné un an plus tard !) passe une nuit particulièrement éprouvante, harcelée au téléphone par un inconnu lui annonçant sa propre mort. Le scénario ne contient rien de bien intéressant. Michèle Mercier est pitoyable et ne fait pas le poids en tant qu'actrice sinon pour injecter un érotisme de bon aloi, et Mario Bava n'a aucune subtilité pour traiter un sujet aussi mince. Pourquoi met-il une musique de jazz décontractée dans un film censé faire peur ? Et que le scénario est mal écrit ou énorme ! Rosy serait plus avisée par exemple soit d’arrêter de décrocher son téléphone tout d’abord pour répondre au malpoli et ensuite de téléphoner à la police ou à un ami plutôt que d'appeler une ancienne amie, Mary (Lidia Alfonsi) qui lui veut précisément du mal ! Le film est cousu de fil blanc pour soi-disant nous faire peur alors qu'on hurlerait de rire devant tant de naïveté et d’effets grotesques (le téléphone est rouge comme le… sang ?) !

Les Wurdalaks est une sombre histoire de vampires, qui change d’ambiance et nous place dans le même contexte que Le Masque du démon, à savoir une campagne aux nuits froides et embrumées... sauf que les décors sentent le carton pâte bouilli à dix kilomètres à la ronde. En outre, faire entendre pendant tout le film le vent qui souffle sans voir un seul arbre ou un seul feuillage qui frémit est plutôt comique. L’histoire est celle du jeune comte Vladimir (Mark Damon) qui passe la nuit dans une ferme habitée par une famille, attendant le retour du père Gorka (Boris Karloff). Celui-ci revient mais s’avère être devenu un Wurdalak, un vampire contaminant ses proches. Boris Karloff est plutôt risible dans ce rôle avec ce genre de réplique : "Je suis mort… de faim". Et le spectateur mort de rire devant une telle ambiance kitschissime à souhait où tout le monde tire une tête de trois pieds de long.

Enfin La Goutte d'eau, raconte l’histoire de Miss Chester (Jacqueline Pierreux), une infirmière appelée d’urgence en pleine nuit pour la toilette funéraire d’une voyante retrouvée morte d’une crise cardiaque. Lors de la toilette, elle dérobe une bague que porte le cadavre. Miss Chester rentre chez elle, mais une coupure de courant la plonge dans le noir ! Depuis qu’elle porte la bague, elle se rend compte qu’elle entend sans cesse le bruit d’une goutte d’eau, et celui d’une mouche. Miss Chester ne semble pas seule dans son appartement, une présence semble l’épier…

Le film serait le plus regardable et le plus abouti s’il n’insistait pas aussi lourdement sur le visage de la morte dont le côté grimaçant sent le maquillage et le grotesque à plein nez. Ce n’est guère subtil pour évoquer la vengeance et la culpabilité… Visiblement, il ne s’agit pas d’être subtil mais de faire dans le grandiloquent et l’émotion à bon compte et d'appuyer le tout par des effets archi soulignés. Certes, à vouloir faire dans l’emphase, on ne passe pas le cap des années… En définitive, si vous voulez rire devant tant de grotesque, on peut vous conseiller les films de Mario Bava…


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 08/02/2008 )
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