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Films  ->  Grands classiques  
Beauté d’un conte populaire
avec Friedrich Wihelm Murnau, Emil Jannings, Goste Ekman, Camilla Horn, Yvette Guilbert
Films sans frontières 2006 /  14.99  € - 98.18 ffr.
Durée film 106 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1926, Allemagne
Titre original : Faust

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : N&B, 1.33
Format image : 4/3
Format audio : muet-musique en stéréo
Intertitres : Français

DVD 1 :
Film
Chapitrage

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Après Nosferatu etLe Dernier des hommes, la société Films sans frontières (FSF) édite le Faust de Murnau, un chef d’œuvre du cinéma muet, et tout simplement un chef d’œuvre du cinéma.

Murnau réalise ce film dans les prestigieux studios berlinois de la UFA et en compagnie des plus grands : Robert Herlth comme directeur artistique et Carl Hoffmann pour la photographie. Les décors, les costumes, la lumière et les trucages ont été minutieusement choisis, travaillés, corrigés pour que chaque image soit d’une qualité visuelle absolue. Ce souci de la perfection apparaît dès la scène inaugurale, qui voit l’affrontement entre le bien et le mal : l’archange Gabriel, tout en ailes, et le Diable, griffu et cornu, auraient pu donner lieu à une scène caricaturale et outrée. Il n’en est rien. Car Murnau possède un tel sens esthétique qu’il arrive, exactement comme le ferait un peintre rompu à l’iconographie religieuse, mais avec en plus la maîtrise du mouvement, à transcender le vulgaire.

Alors que le cinéma est encore souvent un art de caricaturiste, Murnau, comme Eisenstein et Dreyer, en fait un art supérieur, qui tient plus de la culture artistique, souvent picturale, que de l’imagerie populaire. Et s’il a choisi le Faust, c’est justement pour prendre à contre-courant cette critique, du cinéma pompeux, qui pouvait lui être faite. Car qu’est-ce que le Faust sinon un mythe avant tout populaire, contant l’histoire rebattue du vieux savant, philanthrope mais faible, qui scelle un pacte avec Méphisto, sans savoir qu’il est le simple objet d’un pari entre Dieu et le Diable ?

Murnau et son directeur artistique s’inspirent donc à la fois de Goethe et de Marlowe, mais aussi des versions «grand public» de ce conte germanique. D’où le sous-titre : «Une légende populaire allemande». Et, pour cette œuvre «populaire», il va s’attacher d'abord à montrer la vie du peuple. On découvre ainsi le village de Faust un jour de fête, les saltimbanques font des galipettes et les ours des roulades, tandis que Méphisto, qui est incarné par l’extraordinaire Emil Jannings, distille son fiel, la peste, en nuages sombres, qui s’abat sur le bourg et ses habitants. Le premier à mourir est un baladin déguisé en divinité de la forêt : il respire cet air vicié et se meurt en tombant de scène, la tête à la renverse, tandis que les villageois courent en tout sens.

Ce premier plan d’un corps mort, dans une position inattendue, avec la confusion apeurée en arrière-plan, n’est pas sans rappeler la guerre, qui est évidemment encore présente dans les mémoires des contemporains de Murnau. Certes, ce film est l’histoire du Faust, mais c’est aussi une allégorie de la guerre, toute diabolique, que Murnau, qui fut lui-même pilote d’avion de chasse en 1914, écrit entre l’intertitre de début : «Siehe !» (Vois !) et celui de fin : «Liebe !» (Amour). C’est encore le pilote que l’on retrouve dans des scènes inoubliables de survol : «Que la terre tourne autour de toi», dit le malin, et l’on s’envole avec Faust, sur la cape diabolique de Méphisto. Que le monde est beau vu d’en haut !

Car là est le paradoxe : il faut aussi, toujours, montrer le beau. Murnau y excelle, notamment parce qu’il maîtrise la lumière, il lui donne forme ou l’altère, en fonction de ce qu’il veut d’elle. Et ce film, justement parce qu’il raconte l’affrontement de l’ombre et de la lumière, est le plus visuel de ses films, le plus pictural aussi.

Pour ce qui concerne cette édition particulière, nous regrettons qu’elle soit sans «bonus», alors qu’il y a tant à dire. Précisons enfin que le directeur de Films sans frontières, Galeska Moravioff, est l’auteur d’une nouvelle partition, écrite pour cette édition du Faust, et que c’est une belle réussite.


Rachel Lauthelier-Mourier
( Mis en ligne le 18/04/2006 )
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