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Chasseur de fantômes
avec Jim Jarmusch, Bill Murray, Jeffrey Wright, Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange, Julie Delpy
BAC Vidéo 2006 /  22.98  € - 150.52 ffr.
Durée film 101 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2005, Etats-Unis
Titre original : Broken Flowers

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.78 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français (Dolby Digital 5.1)
Sous-titres : Français

Edition prestige

DVD 1 :
Le film
Chapitres
Liens internet

DVD 2 :
Entretien avec Jim Jarmusch
Farmhouse – behind the scenes
Girls on the bus – scène alternative
Start to finish – les prises ratées
Clip Pattern Skies, the Greenhornes
Filmographies
Bandes annonces

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En 2005, Broken Flowers recevait le Grand Prix au festival de Cannes. Vingt ans plus tôt, au même endroit, c’était la Caméra d’Or qui récompensait Stranger Than Paradise. Deux décennies et une douzaine de films seulement à l’actif de Jim Jarmusch, sorte d’éternel étudiant en cinéma pour qui chaque nouveau long métrage semble être le terrain propice à de nouvelles expérimentations narratives, esthétiques ou simplement récréatives. Mais à la différence des deux premiers de la classe issu de la même promo, les clones Coen, toujours au premier rang, Jarmusch ne fait pas un cinéma de références, et encore moins de films de genre. Ses citations sont rares et discrètes, il ne copie pas sur son voisin, et chaque film est comme une nouvelle bulle, imperméable et unique, contenant un univers singulier dans lequel les acteurs évoluent avec autant de délice que d’inspiration.

Dès lors, plutôt que de chercher une thématique générale ou ces fameuses obsessions (qui obsèdent parfois plus les critiques que les auteurs !), pouvant relier entre eux tous les films de Jarmusch, il faut souligner avant tout cette liberté toujours présente dans l’oeuvre du réalisateur le plus rock du cinéma américain. Impossible d’appliquer ici une grille de lecture, il y aura forcément des endroits où ça dépassera des cases. Encore moins peut-on espérer retrouver quelques modèles de scénarios ou intrigues finement ficelées. On n’imagine pas les histoires de Jarmusch écrites sous Word (texte justifié au centre), mais plutôt sur des cahiers à spirales, des feuilles volantes ou encore avec de l’encre rouge sur du papier rose. Et si Broken Flowers semble effectivement un film plus écrit qu’à l’accoutumée, il est aussi rempli de failles, de silences et de diversions malicieuses.

À sa sortie, et surtout de l’autre côté de l’Atlantique, on a reproché à Jarmusch d’avoir fait un film trop léger (et donc populaire). Underground tu es, underground tu resteras. Forcément, Broken Flowers est lumineux, loin du noir et blanc glacé de Dead Man, et la caméra n’est pas tenue à l’épaule mais posée sur ses trois pieds, captant dans son objectif une image où rien ne déborde. Mais la profondeur du film est là, il n’y a pas trop à gratter pour la trouver, lovée derrière un scénario prétexte, des dialogues fins et des acteurs au sommet de leur art.

On rappelle l’histoire, que Jim Jarmusch a en partie développée pour Bill Murray, nouveau sexy boy malgré lui et génial clown triste dont un haussement de paupière au-dessus d’un oeil vide peut être aussi drôle qu’émouvant. Son personnage de Don Johnston (avec un t) est un séducteur invétéré qui vient de se faire plaquer par sa dernière jeune et jolie conquête (Julie Delpy). C’est à ce moment que la poste lui adresse une drôle de blague : une lettre d’une ancienne maîtresse lui annonçant qu’il est père et que son fils, vingt ans à peine, est parti à sa recherche. Pour Winston, le voisin de Don, féru d’énigmes policières, c’est le moment de mettre à profit ses compétences et d’aider son ami à retrouver cette mystérieuse femme avant que sa progéniture ne fasse surface. Voilà donc l’ancien chasseur de fantômes à nouveau de service, sur les traces de son passé, un bouquet de roses à la main et l’œil aux aguets pour surprendre le moindre indice qui pourrait le renseigner sur l’identité de la mère anonyme.

La suite reprend la structure du film à sketches qu’affectionne Jarmusch. Chaque rencontre avec une ancienne conquête étant une petite saynète mettant en scène Don dans des situations gênantes ou absurdes, drôles ou plus violentes, et ce dans une Amérique de plus en plus profonde, jusqu’à y croiser la mort. C’est qu’il n’est pas facile de revenir sur son passé, et Don réalise peu à peu l’écart qu’il y a entre lui, le même homme qu’il y a vingt ans, et ces jeunes filles d’autrefois devenues femmes, adultes, différentes.

La facilité aurait été de faire de ce parcours un rite initiatique, une découverte à la Capra sur la richesse de la famille et de ses valeurs. Mais Jarmusch ne sort pas les violons ; il préfère le rock très Byrds des Greenhornes ou les rythmes chaloupés de Mulaku Astatke. Et tout son film est rempli d’arrêts sur image étranges, de moments suspendus entre rire et chagrin, de non-dits délicieux. Faux road-movie, faux film à indices, fausse comédie, Broken Flowers est en revanche un vrai plaisir de cinéma, une friandise douce et sucrée qui, une fois croquée, révèle toute son étonnante amertume.

Côté bonus, cette belle édition très joliment habillée déçoit tout de même un peu, au point que l’on s’interroge sur la nécessité d’une version double DVD. À côté d’un passionnant entretien de 25 minutes avec Jarmusch, on y trouve un faux bêtisier pas drôle, les rushes d’une scène secondaire et un assemblage en vrac d’images du tournage assez inutile. Mais qu’importe finalement, Broken Flowers est un film riche qui supporte de nombreuses visions, et chaque nouvelle séance apportera son lot de vrais bonus, ces découvertes nouvelles nichées au cœur même du film !


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 27/03/2006 )
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