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Films  ->  Comédie dramatique  
Une critique acerbe de la bourgeoisie anglaise
avec James Ivory, Vanessa Redgrave, Emma Thompson, Anthony Hopkins, Helena Bonham-Carter
MK2 2006 /  23.99  € - 157.13 ffr.
Durée film 137 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1992, Grande-Bretagne
Titre original : Howards End

Version : DVD 9 et DVD 5/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (couleurs)
Format audio : Anglais (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby Stereo 2.0)
Sous-titres : Français

DVD 1
Le Film
Bande annonce du film (2 mn)

DVD 2
Les Bonus :
- La Genèse du Film : Entretien avec Ismail Merchant & James Ivory (20 mn)
- 2 Créatrices : le Design de Retour A Howards End (20 mn 20 s)
- Trouver l’Atmosphère : Entretien avec Lucianna Arrighi (8 mn)

Film également disponible au sein du coffret James Ivory (6 DVD), avec Chambre avec vue et Retour à Howards End, au prix de 52.99 €.

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Pour sa troisième adaptation de E.M. Forster, James Ivory jette à nouveau un regard sans complaisance sur la bourgeoisie anglaise et ses codes de conduite rigides. Le plus britannique des Américains avait cependant fait une pause après Maurice, revenant exceptionnellement aux Etats-Unis pour Slaves of New York et Mr & Mrs Bridges. Deux films qui n’auront satisfait ni le réalisateur ni son public.

Son retour à l’œuvre de Forster lui permet de s’offrir une distribution hors du commun. Anthony Hopkins, tout droit sorti de son personnage d’Hannibal Lecter, accepte immédiatement le rôle de Henry Wilcox. Avec cet atout dans sa manche, Merchant et Ivory bouclent assez vite leur distribution avec en tête une Emma Thompson flamboyante et la toujours somptueuse Vanessa Redgrave qui avait déjà travaillé avec eux sur The Bostonians.

Là où Chambre avec vue et Maurice ressemblaient parfois à une étude entomologique de la gentry et de l’aristocratie anglaise, Retour à Howards End s’intéresse aux relations qui lient cette bourgeoisie et les milieux plus modestes. Pour cela, Ivory et Forster se penchent sur deux familles. Les Schlegel ont le statut d’une famille respectable. Mais la branche qui nous concerne, constituée de deux sœurs en attente de mariage (Emma Thompson et Helena Bonham-Carter) et d’un frère étudiant à Oxford, vit d’une rente modeste dans la demeure familiale qu’elle loue. Les Wilcox, quant à eux, ont fait fortune dans le commerce lié aux colonies, et possèdent de nombreux biens. Le visage progressiste des Schlegel, militant pour le droit de vote des femmes, invitant régulièrement des intellectuels dans leur salon, semble être à l’opposé de celui, conservateur et traditionnel, des Wilcox. Mais ils sont pourtant très proches dès qu’il s’agit de respecter les codes allant de pair avec leur statut.

Deux rencontres vont pourtant bousculer leurs conforts et leurs certitudes. Margaret Schlegel (Emma Thompson) et Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave) vont se lier d’amitié suite à une maladroite amourette liant la cadette des Schlegel au cadet des Wilcox. La matriarche des Wilcox, affaiblie, voit en Margaret celle qu’elle était plus jeune, et insiste pour lui faire découvrir Howards End. Cette maison où elle est née et a grandi est la seule possession dont elle a la jouissance exclusive, le reste appartenant à la famille de son mari. La visite ne peut hélas aboutir, et, apprenant que les Schlegel sont sur le point de perdre leur maison familiale, promise à la démolition, Ruth Wilcox lègue Howards End à Margaret sur son lit de mort. A la lecture de cette lettre rédigée sans date et sans témoin, la famille Wilcox, qui pourtant n’apprécie guère la demeure et ne souhaite pas y vivre, décide de ne pas lui donner suite et la brûle. Parallèlement à cela, Helen Schlegel fait la rencontre d’un employé de banque, Leonard Bast, jeune homme gagnant à peine de quoi louer un appartement attenant à une ligne de chemins de fer où il vit avec sa femme. Les Schlegel, par lubie autant que par bonté, vont tenter d’aider Leonard Bast. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions.

La grande force de Retour à Howards End est de ne pas porter de jugement sur ses personnages. On aurait vite fait de condamner le mépris et l’arrogance des Wilcox, et son désintérêt pour le pauvre Leonard Bast. Pourtant, cette ignorance volontaire n’est que le reflet des codes de cette bourgeoisie anglaise. D’autant que le gouffre séparant la classe ouvrière de la bourgeoisie a fait naître chez cette dernière une paranoïa maladive. De la même manière, on aurait vite fait de louer les efforts des Schlegel dans leur volonté farouche d’aider Leonard Bast. Or, c’est probablement davantage dans l’idée d’aller à l’encontre des codes de sa «caste», et de plaire à son cercle d’intellectuels progressistes qui font de lui leur protégé. Au-delà des conventions, le règne de l’apparence est primordial.

Howards End, cette demeure, n’apparaît que peu de temps dans le film. Et pourtant, elle est sur toutes les lèvres. Maison familiale adorée, vieille bicoque méprisée, patrimoine jalousé, pomme de discorde et lieu de crime. Elle est au cœur même du malheur des Wilcox qui, en niant à leur défunte matriarche son dernier vœu, provoquent une succession d’événements qui causeront leur perte.

La richesse immense du récit est merveilleusement rendue par la subtilité de la mise en scène de James Ivory. Personne, hormis peut-être Ang Lee, ne sait filmer le temps qui passe mieux que lui. Il y a dans ses lents travellings comme une majesté qui rend grâce à la beauté des lieux qu’il filme, et avec elle, toujours présente, cette volonté de voir au-delà de l’apparence trop séduisante. Les comédiens sont évidemment extraordinaires, Emma Thompson en tête (elle remportera l’Oscar de la meilleure actrice tandis que Vanessa Redgrave sera nominée dans la catégorie du meilleur second rôle féminin). La reconstitution du Londres du début du XXe siècle est digne d’éloge, et tant la musique que la photographie sont magiques. Le film n’aura pas volé ses neuf nominations et trois succès aux Oscars. Et l’on se demande encore comment le jury du Festival de Cannes a accordé sa palme aux Meilleures Intentions de Bille August plutôt qu’à celui-là…

Côté bonus, les vingt minutes d’entretien avec Ismaïl Merchant et James Ivory sur la genèse du film sont fascinantes. Leur analyse contradictoire de la symbolique liée à Howards End est d’ailleurs très intéressante. On aurait évidemment aimé que cet entretien dure plus longtemps, mais il faudra se contenter de ces vingt minutes. D’autant qu’après 44 ans de collaboration, la mort d’Ismail Merchant le 25 Mai 2005 a probablement mis fin aux activités de la société de production qu’ils avaient fondée, et qu’à l’heure actuelle, à 77 ans, James Ivory n’a pas de nouveau projet de film.


Daniel Beziz
( Mis en ligne le 11/04/2006 )
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