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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Hugo Marsan L'Assassin improbable
Mercure de France 2009 / 15,80 € - 103.49 ffr. / 160 pages
ISBN : 978-2-7152-2877-1
FORMAT : 14cm x 20,5cm
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André Mareuil, l'un des deux personnages principaux de ce roman, est un septuagénaire retiré à la campagne pour y couler les jours paisibles de la retraite. Il y a retrouvé Jenny, l'amie d'enfance qu'il avait fuie autrefois lorsque, désirant embrasser une carrière de comédien et assumer pleinement son homosexualité, il était monté à Paris. Lassé de la vie parisienne et un peu aigri de n'avoir pas rencontré, par refus de toute compromission, le succès qu'il espérait, il passe désormais son temps à commenter, sarcastique, les informations qui passent en boucle sur son poste de télévision. S'il se félicite d'avoir définitivement tourné la page avec une vie qu'il juge superficielle, de fait, il s'ennuie. Désormais seul face au spectacle du monde, il ressasse avec mélancolie les souvenirs de ses rencontres passées et en particulier celle avec Malik, jeune prostitué algérien complètement paumé qu'il a un temps «protégé» avant de quitter la capitale. Lorsqu'une série d'assassinats de personnalités du monde médiatique viennent faire la une des informations, André soupçonne tout de suite qu'une entreprise terroriste poursuivant des buts qu'il ignore encore est à l'origine de ce que la police et le gouvernement cherchent à faire passer pour de simples faits divers.
Ce n'est pourtant pas grâce à André que le lecteur en saura plus sur cette mystérieuse organisation qui met la France en émoi, mais par Malik : abandonné à Paris, sans le sou et promis à survivre misérablement en se prostituant, il s'est laissé entraîner dans les filets de «Monsieur Victor», vieil homme bien mis et sans doute fortuné, avec lequel il espère lier une relation du même type que celle qu'il eut avec André. Or, en fait de protecteur, Monsieur Victor se révèle n'être qu'un intermédiaire chargé de trouver des recrues pour une organisation paramilitaire dont le lecteur comprend vite qu'elle a un lien avec les assassinats qui fascinent au même moment André, isolé à la campagne.
Ce qui semble au premier abord avoir intéressé Hugo Marsan, au-delà de cette intrigue pseudo-policière, c'est la nature des relations qui peuvent se nouer entre des hommes de conditions sociales et d'âges différents. Il nous dépeint en Malik un homme de trente ans que sa pauvreté, sa solitude et son statut d'immigré sans papiers contraint à la prostitution rendent aussi vulnérable qu'un enfant. Ayant fui l'Algérie parce qu'il ne pouvait y vivre son homosexualité, il se retrouve apatride en France, et, de fait, à la merci d'hommes plus riches comme André ou Monsieur Victor, auxquels il vend son corps, pour lesquels il peut parfois éprouver une forme d'affection, mais sans qu'il puisse jamais être question d'amour.
Le roman aurait pu se borner à cette amère description de relations basées sur la servitude résignée sinon contrainte d'hommes que la misère sociale pousse à faire commerce de leur sexe, et dont le personnage d'André regrette d'avoir un temps profité. Mais le propos de Marsan devient ambigu lorsque, dans la deuxième partie du roman, il décrit avec une sorte de fascination malsaine la vie de Malik dans le camp paramilitaire et son attirance pour Volodia, un autre homme du groupe, son exact opposé physique et moral. Aucun des clichés de la vie de caserne ne nous est alors épargné : hommes soumis à une discipline stricte, virilité troublante des corps dans l'exercice physique, mélange de sensualité et de sévérité dans les relations hiérarchiques... On ne comprend plus du tout où Marsan veut en venir, d'autant que l'intrigue, pas crédible pour un sou, ne semble être que l'expression de fantasmes trop éculés pour émouvoir : les personnages ne parviennent guère à nous toucher et le dénouement, aussi rocambolesque soit-il, laisse froid. Dommage.
Natacha Milkoff
( Mis en ligne le 18/02/2009 )
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