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Littérature -> Poches |
| Joseph Connolly N'oublie pas mes petits souliers Seuil - Points roman 2002 / 7,95 € - 52.07 ffr. / 490 pages ISBN : 2-02-055132-2 Imprimer
Les banlieues chics de Londres réservent parfois détranges surprises
Prenez par exemple la pétillante Elizabeth, femme du monde parfaite - jusquau bout des ongles (admirablement manucurés) et du sac Gucci, forcément Gucci
Eh bien, le moins quon puisse dire, cest quelle est affligée dune curieuse tribu - familiale autant que limitrophe. Son cher et respectable Howard ne pense quà tripoter en douce de jeunes éphèbes et Katie, sa fille, est bien plus délurée quon ne pourrait raisonnablement lattendre dune demoiselle de dix-sept ans. Quant aux autres, nen parlons pas! Brian, le voisin ruiné, bricoleur infernal et suicidaire disqualifié, a fini par installer sa caravane miteuse dans lallée du jardin
Dotty ne pense quà s'approprier le bébé hurleur de Melody - laquelle, bizarrement, ny verrait que des avantages, tant elle est occupée par ses amours tumultueuses avec quelques spécimens dahurissants machos
Finalement, il ne reste que la délicieuse Lulu, à condition bien sûr quelle réussisse à se débarrasser de son cinglé dépoux, prêt à infliger une mort dans datroces souffrances à tout homme osant porter un seul regard sur sa femme, ou pire (bien pire!), lui proposer une pastille de menthe.
De toute évidence, Joseph Connolly sest délecté en écrivant Vacances anglaises et sa suite Noublie pas mes petits souliers, reprenant les aventures de la même petite société hautement loufoque, à deux moments de lannée
Si les femmes sont toutes des écervelées cupides, les hommes ne valent guère mieux : lâches ou carrément démissionnaires, ils ne cessent de se ridiculiser ou de se fourrer dans dinvraisemblables quiproquos. Projeté dans les pensées des uns et des autres, le lecteur découvre à un rythme ébouriffant les déconfitures intimes et les singulières motivations qui agitent les personnages
pour composer finalement un cocktail déjanté, dans lequel on peut voir au choix une satire ou un exercice de pur divertissement.
Tout de même, on imagine quil vaudrait mieux pour Connolly ne pas croire lui-même au microcosme quil décrit : après tout, il fut un respectable libraire dHampstead, apparemment sain desprit, avant de produire ici léquivalent littéraire dun croisement (pervers) entre les Monty Python et les Saintes Chéries. Mais lauteur est doté dun sens aigu du "détail qui tue" : la mécanique jubilatoire, parfaitement huilée, est dune redoutable efficacité. Et comme sexclamerait Elizabeth : "Mon Dieu, tout cela est tellement - comment dire, oui : captivant- cest ça, captivant
et inattendu" !
Isabelle Nouvel ( Mis en ligne le 17/06/2002 ) Imprimer
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