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Bande dessinée -> Humour |
| Lucas Varela Paolo Pinocchio Tanibis 2012 / 16 € - 104.8 ffr. / 80 pages ISBN : 978-2-84841-021-0 FORMAT : 20x26 cm Imprimer
Si le Pinocchio de Carlo Collodi (puis de Disney) est un charmant petit pantin de bois qui certes ment un peu mais est surtout victime de mauvaises fréquentations, le Paolo Pinocchio de Lucas Varela est tout simplement infréquentable. Menteur certes, mais aussi, pervers, cynique, violent, cruel, voleur, violeur, de mauvaise foi. Et en plus, il éclate la tête de petits poussins mignons avec un banjo. Bref, un amour de héros de bande dessinée. Surtout que son côté anar et révolté (au point de dire merde à la mort) le rende encore plus sympathique. Voilà la créature condamnée à la peine capitale et cest de lautre côté de lAverne quil doit régler ses comptes avec les âmes damnées et autres diablotins. Lui na pas le temps de rester à croupir dans les Enfers et plus dune fois, Paolo se sert de ses méninges (car forcément, il est plus malin que tous les abrutis qui lentourent) pour revenir errer dans nos contrées, continuer à semer le trouble.
Ce livre, recueil de planches publiées à partir de 2006, est plus quune parodie donc, puisque Lucas Varela oublie rapidement le récit original pour ne garder quun drôle de personnage, anti-héros douteux mais irrésistible, qui traîne sa tronche de cadavre dans des scènes qui nont plus rien à voir avec les contes de fées. Avec le même entrain et une constante drôlerie, Varela passe du strip à lhistoire plus longue, confrontant son personnage à des monstres bizarres, des mixtures étranges et des rencontres toujours un peu louches. Il fait subir les pires outrages à son personnage avant de le donner vainqueur par K.O. devant ses adversaires tous plus idiots les uns que les autres. Cest un monde fantastique et coloré comme un cartoon explosif, comme un cauchemar drôle, ou un rêve qui tourne mal. Légendes antiques, contes traditionnels, littérature classique et moderne (on y croise Casanova et des créatures de Lovecraft), le chaudron de Varela accueille un peu de tout pour donner un mélange graphique et narratif du plus bel effet.
Et, un peu à la manière dun Dave Cooper, lauteur argentin fait passer les pires horreurs grâce à un dessin dune classe absolue. Vers, foutre, et moisissures diverses deviennent élégants. Habillé de couleurs acidulées et sucrées, le trait noir et précis du dessinateur brille par sa capacité à mettre en place des décors fantastiques et des personnages bouffons. On apprécie les hommages aux peintres (Bosch, Ingres
), mais on pense aussi à Mignola ou Blanquet dans ce goût pour le monstrueux rigolo.
Cest drôle, méchant et beau à regarder. Cest lalbum coup de cur du moment et de ceux à venir, à placer juste à côté du Pinocchio de Winshluss.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 19/06/2012 ) Imprimer
Ailleurs sur le web :Estupefacto, le blog de Lucas Varela | | |
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