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Histoire & Sciences sociales  ->  Historiographie  
 

Ce que l'écriture du passé dit du présent
Sophie A de Beaune    Collectif   Ecrire le passé - La fabrique de la préhistoire et de l'histoire à travers les siècles
CNRS éditions - Histoire 2010 /  29,40 € - 192.57 ffr. / 425 pages
ISBN : 978-2-271-07012-8
FORMAT : 15 x 23 cm

L'auteur du compte rendu : Grégory Prémon est agrégé d'histoire-géographie.


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«Le passé de l’historien se construit dans le présent» : la première phrase de l’ouvrage dirigé par Sophie A de Beaune résume l’objet d’une publication qui fait suite à la tenue d’un colloque à l’Université Jean Moulin Lyon 3 en mai 2008. Le projet est ambitieux, il s’agit de déconstruire le discours historique pour mettre à jour les présupposés de son écriture, de la préhistoire à aujourd’hui, et ainsi répondre à la question qui sous-tend l’ensemble des communications de l’ouvrage : comment l’histoire est-elle fabriquée ?

Elle s’inscrit d’abord dans un contexte politique qui n’hésite pas à maquiller les faits historiques pour rendre plus légitimes les causes qu’elle défend. Au XIIe siècle, à Metz, les monuments romains de la ville sont mis en avant par Sigebert de Gembloux pour faire de la cité l’égale des grandes cités romaines. Une inscription romaine est alors inventée pour porter un tel discours. Il faudra attendre le XVIe siècle pour qu’un discours plus attentif à la réalité émerge. De même, de 1940 à 1944, les historiens de l’art et archéologues nazis n’hésitent pas à réécrire le passé de la Moselle, qui justifierait pleinement l’annexion de cette partie de la France par l’Allemagne.

Parfois, la réécriture cherche à expurger une histoire nationale de ses excès. Marion Liboutet montre ainsi qu’en Afrique dus Sud, depuis 1994, date des premières élections démocratiques, les historiens ont rejeté le dogme de l’apartheid sous le joug duquel s’écrivait l’histoire jusqu’alors. La nouvelle histoire s’inscrit dans l’African Renaissance, définie par le président Thabo Mbeki, accordant une large place aux phénomènes mémoriels. Le risque n’est-il pas alors de voir surgir une histoire purement identitaire ?

Le contexte politique n’est pas le seul cadre qui détermine l’écriture de l’histoire. En Grèce, Georgia Kourtessi Philippakis montre dans un article au titre évocateur («A l’ombre du Parthénon. Les recherches sur le Paléolithique en Grèce») comment, dans ce pays, l’archéologie du paléolithique est encore aujourd’hui une «activité occasionnelle». Débutée durant l’entre-deux-guerres et se poursuivant essentiellement durant la période qui s’étend des années 1960 aux années 1980, elle n’est jamais parvenue à se hisser au niveau qui pourrait être le sien dans un pays où la période antique monopolise l’essentiel du travail des historiens.

L’écriture de l’histoire est, enfin, très fortement dépendante de la formation initiale, très littéraire, des historiens. C’est vraisemblablement pour cette raison que l’histoire des techniques reste le parent pauvre de l’écriture historique. Les archéologues sont encore aujourd’hui les seuls parmi les historiens à porter leurs regards sur les techniques et leurs histoires. Un regard croisé plus fréquent entre sciences historiques et sciences dures seraient pourtant surement des plus féconds.

Ce panorama rapide ne rend pas compte de la richesse de l’ouvrage dirigée par Sophie A. de Beaune. L’ensemble des communications montre avec finesse et précision les liens étroits qui unissent l’écriture de l’histoire et le présent de cette écriture. Les conditions historiques, les volontés identitaires, le contexte historiographique ou plus simplement la sensibilité ou la formation des historiens jouent un rôle central dans une histoire en perpétuelle écriture. Le choix très vaste des périodes, de la préhistoire aux époques plus contemporaine, ainsi que des exemples choisis judicieusement sur des territoires allant de la Russie à l’Afrique, illustrent l’universalité d’un axiome dont la connaissance est aujourd’hui une condition nécessaire à une bonne écriture de l’histoire.


Grégory Prémon
( Mis en ligne le 30/10/2012 )
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