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Chronique d’un été
avec Jean Rouch
Arte Vidéo 2005 /  23  € - 150.65 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, pays : 1961, France

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.37 (noir et blanc)
Format audio : Français mono

Bonus : (57 mn)
Notes sur Chronique d’un été par Alain Bergala
Entretien avec Edgar Morin
Entretien avec Marceline Loridan-Ivens
Extrait de Rouch vu par… de Caroline Cuello


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« Comment vis-tu ? », « Comment te débrouilles-tu avec la vie ?» Premier principe de Chronique d’un été : poser la question à plusieurs hommes et femmes, d’âges, d’origines et de milieux différents. Et, pour obtenir une réponse vive, sincère et vraie, pour saisir le « je ne sais quoi d’irréductible qui se trouve dans le pris sur le vif » : poser la caméra comme jamais elle ne l’avait été, sur l’épaule, en son synchrone.

« Se lever tous les jours à la même heure…vivre la même chose, tous les jours…j’ trouve ça ridicule…j’sens que je me révolte, et puis après j’m’en fous… » Des hommes et des femmes confient (à la caméra, à leurs amis, à eux-mêmes ?) leurs préoccupations, leur désir de sortir du monotone quotidien, leurs peurs, petites et grandes. Au gré de l’été parisien, des repas animés, ou des confidences plus intimes, nous découvrons parmi d’autres Marceline, déportée dans les camps au beau milieu de son adolescence ; Angelo, ouvrier chez Renault ; Landry, venu de Côte d’Ivoire pour ses études ; Mary Lou, arrivée de l’Italie bourgeoise il y a trois ans pour : « se libérer des alibis », et atterrir dans une chambre de bonne…

Comme l’explique Edgar Morin, dans un entretien proposé en supplément, les personnes filmées construisent dans un premier temps l’image d’eux-mêmes qu’ils voudraient renvoyer aux autres pour finalement se détacher de ce rôle d’acteur et souvent témoigner d’un mal-être profond. Au fur et à mesure quelque chose se révèle au-delà des statuts sociaux, au-delà même de l’histoire des personnages : tous luttent pour ne pas se faire ronger par la trivialité de l’existence…Si leurs mots et leurs vies sont différents, chacun d’entre eux est déçu par la réalité, conscients des concessions et des compromis à accepter, de la perte de l’absolu. A travers leurs regards et leurs paroles, le film explore la vie pour tenter d’en extraire sa valeur, comprendre pourquoi la vie vaut la peine d’être vécue, la peine de survivre, la peine de travailler, de vivre dans une chambre infestée de punaises… Que veut signifier réellement, vivre, après survivre ?

S’il reste universel et très actuel dans l’observation de l’intime difficulté d’être, Chronique d’un été est aussi un document historique, charnière entre le passé et les années 1960 qui s’annoncent, entre les prises de conscience de l’après-guerre et la légèreté de l’après-après-guerre… Le film passe d’une tonalité à l’autre, de personnages en personnages, d’un sujet à l’autre avec une grande souplesse, sans plus se soucier des codes du cinéma. En proposant une nouvelle façon de tourner (inspirée des techniques de cinéma direct de l’Office National du Film du Canada), Rouch réalise, avec Chronique d’un été, un film précurseur de la Nouvelle Vague. Godard le premier remarquait combien le « chercheur au musée de l’Homme » portait bien son titre, pour un cinéaste à la recherche de la vérité humaine, toujours à l’avant-garde des techniques de cinéma. Echappant aux lois du marché et au standard du 35mm, contrairement aux apprentis de la Nouvelle Vague qui souhaitaient supplanter leur prédécesseurs, Rouch pouvait profiter de la légèreté du 16mm sans conséquence pour sa carrière, et construire un cinéma différent, empreint d’une vraie liberté. Dans une séquence où les réalisateurs montrent le film aux protagonistes de Chronique d’un été, le cinéma se met en abîme, et interroge finalement le regard, le sens des images, la notion de vérité dans le cadre d’une caméra, sur la toile d’une salle de cinéma…

Parmi les suppléments proposés par Arte Vidéo, tous précieux dans la compréhension des enjeux du film, le témoignage de Marceline Loridan, 40 ans après, entre particulièrement en résonance avec le film et ses questions, pour finalement découvrir le sens d’une existence dans le temps qui passe, par un regard a posteriori sur les choix qui construisent une vie, entre prose et poésie…


Florence Keller
( Mis en ligne le 25/07/2005 )
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